Malgré la flambée des cas, la Chine maintient sa stratégie "zéro Covid"
Les taux de contamination n’ont jamais été aussi élevés dans le pays, et pourtant Pékin n’entend pas renoncer à sa stratégie de contrôle total et de confinements stricts : pas question de laisser circuler le virus.
La Chine a compté 18 000 nouveaux cas mercredi 23 mars, dont les deux tiers à Hongkong. Ces chiffres paraissent faibles quand on les compare aux contaminations en Europe, a fortiori vu la taille de la population chinoise, 1,4 milliard d’habitants. Mais pour un pays qui revendique la maîtrise totale de la pandémie (le "zéro Covid"), c’est un constat d’échec et ça peut devenir un enjeu politique.
À Hongkong en particulier, la situation est dramatique. La ville connaît actuellement le plus fort taux de mortalité au monde. Le bilan, revu à la hausse ce 24 mars, s’élève à 6 770 morts dans la ville. Les hôpitaux et les crématoriums sont débordés. Dans le reste du pays, la courbe des contaminations s’est infléchie ces derniers jours. Mais des dizaines de millions de personnes sont confinées, par exemple dans les provinces de Jilin et Laoning, près de la Corée du Nord.
Plus au sud, la gigantesque mégapole de Shanghai teste une stratégie un peu nouvelle, signe d’une évolution du mantra "zéro Covid" : malgré un millier de nouveaux cas quotidiens, pas de confinement général à Shanghai. Uniquement des confinements limités à certains quartiers ou immeubles avec des dépistages ciblés, et la réquisition de deux stades transformés en centres de quarantaine.
Un faible taux de vaccination chez les personnes âgées
Deux raisons majeures expliquent une telle flambée épidémique dans cette Chine qui a semblé échapper au Covid jusqu’à présent. Le variant Omicron, très contagieux on le sait, a fini par pénétrer sur le sol chinois. Et il s’attaque aux personnes âgées, qui sont peu vaccinées en Chine. C’est la première explication : seulement 50% des plus de 80 ans ont reçu deux doses, et à Hongkong, c’est encore moins, 25%. La méfiance vis-à-vis des vaccins est élevée, en particulier chez les personnes âgées fidèles à la médecine traditionnelle chinoise. De plus les vaccins chinois sont moins efficaces, en particulier face à Omicron. Les vaccins occidentaux, le Pfizer BioNtech par exemple, ne sont pas utilisés en Chine continentale.
Deuxième explication : une illusion de sécurité s’est installée depuis deux ans dans le pays, vu le faible nombre de victimes. Donc la vigilance a baissé. Les infrastructures sanitaires n’ont pas été particulièrement développées. Et le pouvoir chinois s’obstine dans sa stratégie zéro Covid : pas question d’abandonner les confinements stricts, qui lui ont permis d’accroître son contrôle social sur la population.
Une croissance menacée
Mais cette vague de contamination peut avoir un impact sérieux sur l’économie. À Hongkong, c’est évident : de nombreuses entreprises étrangères, multinationales, grandes banques, ont déjà plié bagage. À Shanghai, la crainte d’un confinement général a créé de la nervosité depuis mardi 22 mars. Les habitants se sont mis à faire des provisions en toute hâte ou à multiplier les livraisons de nourriture à domicile. Et bien sûr, il y a aussi les quelques régions complètement à l’arrêt.
Tout cela commence à rendre inatteignable l’objectif de croissance fixé par le pouvoir cette année : +5,5%. Surtout si on ajoute les multiples répercussions économiques de la guerre en Ukraine. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le président Xi Jinping, à quelques mois du Congrès du parti, prévu à l’automne prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.