Malgré les incendies et le changement climatique, l'Australie valide l'ouverture de nouvelles mines à énergie fossile
L'Australie a beau avoir été ravagée par les incendies au premier semestre et se retrouver en première ligne face au changement climatique, elle persiste dans les énergies fossiles, gaz et charbon.
En l’espace de 24 heures, mardi 29 septembre, deux projets controversés viennent d’être validés, deux projets miniers de grande ampleur. Le premier se trouve dans le Queensland, au nord-est du pays. Il s’agit d’une mine de charbon, sur le site d’Olive Downs. L'objectif est d'extraire 15 millions de tonnes par an pendant près de 80 ans. Du charbon destiné à l’exportation vers le Japon, la Chine et l’Inde. Le second projet suscite encore plus de polémiques. Cette fois, cela se passe au sud-est du pays, en Nouvelles-Galles du Sud, non loin de Sydney. Le projet sur le site de Narrabri vise à extraire du gaz de charbon, afin d’alimenter toute la région en gaz. Le promoteur du projet, le groupe australien Santos, affirme que le site peut fournir la moitié du gaz consommé en Nouvelles-Galles du Sud. Il sera destiné aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. Environ 850 puits seront construits à terme, sur une superficie de 1 000 hectares. L’investissement est colossal : plus de 2 milliards d’euros.
Priorité à l'emploi et à la relance économique
Tout cela s’inscrit dans la logique du gouvernement australien, très climatosceptique. Le Premier ministre Scott Morrison se refuse notamment à faire le lien entre les événements extrêmes connus par le pays et le changement climatique. Il juge prioritaire la relance de l’économie face à l’épidémie de Covid-19, qui a plongé le pays dans la récession, comme partout. De ce point de vue, les mines sont une source de revenus et de créations d’emplois. Les deux projets validés hier devraient créer de l’ordre de 2 000 emplois. Et ils s’ajoutent à une liste déjà longue d’autres projets miniers gigantesques également validés ces derniers mois, avec les énormes firmes Rio Tinto et Adani. L’Australie est d’ailleurs devenue le premier exportateur mondial de charbon.
Les projets suscitent beaucoup de débat en Australie, puisque ces énergies fossiles sont émettrices de gaz à effet de serre, un éléments clés du réchauffement. Voilà donc un pays en plein paradoxe. Cette année, l’Australie a été la proie d’incendies sans précédent. Ils ont duré huit mois, ravagé 12 millions d’hectares de forêt, l'équivalent d'un cinquième du territoire français, et tué des centaines de millions d’animaux. L'inquiétude est très forte pour les mois à venir car le printemps commence là-bas.
Recours judiciaires et campagne électorale
Une majorité d’Australiens considère désormais le réchauffement climatique comme la menace numéro un pour le pays, devant la pandémie de coronavirus ou la crise économique. Mais dans le même temps, l’Australie valide donc des projets miniers susceptibles d’accroître ces émissions de gaz. Même si dans le cas du projet principal, celui de Narrabri, l’entreprise Santos assure être en capacité de maîtriser les émissions.
Le feuilleton ne fait d’ailleurs peut-être que commencer. La commission de validation de ces projets a demandé des garanties très précises, sur le contrôle des émissions et aussi sur la pollution éventuelle des eaux souterraines. Les associations de défense de l’environnement semblent décidées à engager des recours devant les tribunaux. Et tout cela se passe sur fond de campagne électorale, en tous cas dans le Queensland, où des élections régionales sont prévues fin octobre.
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