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Manifestations en Afrique du Sud contre les délestages électriques qu paralysent le pays

Le pays est agité par des manifestations contre les coupures d'électricité, devenues incessantes, parfois jusqu'à 12 heures par jour.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le chef de l'Alliance démocratique (DA) John Steenhuisen (au centre) lors d'une manifestation contre la crise énergétique prolongée, à Johannesburg le 25 janvier 2023. (PHILL MAGAKOE / AFP)

Dans ce grand pays de 60 millions d’habitants, l’électricité peut être coupée à tout instant, et de façon imprévisible. Cela fait des années que ça dure, mais ça ne cesse de se dégrader. En plus, les tarifs de l’électricité viennent d’augmenter de près de 20% !  Plusieurs manifestations étaient donc organisées mercredi 25 janvier, à l’initiative des mouvements d’opposition, qui entendent placer l’ANC, le parti au gouvernement, devant ses responsabilités. Des routes ont été coupées par des barricades de pneus enflammés près de Pretoria la capitale. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes, au Cap, à Johannesburg. Où les manifestants étaient habillés de bleu, la couleur de l’Alliance Démocratique, le principal parti d’opposition qui entend rivaliser avec l’ANC aux élections de 2024. "C’est un jour enthousiasmant aujourd’hui, disait un manifestant, interrogé par le journal sud-africain The Star. Déprimant aussi en raison des délestages. Mais enthousiasmant parce que nous marchons vers le siège de l’ANC : ils sont responsables du bazar dans ce pays. C’est horrible. Il est temps que les gens se réveillent et qu’il y ait du changement en 2024".  

205 jours de délestage en un an

Ces délestages incessants, ont un impact considérable sur l’économie. Le pays a connu 205 jours de délestage au cours des 12 derniers mois, presque deux jours sur trois. Un record. Et les coupures de courant oscillent entre 4 et 12 heures par jour. C’est un gros souci pour les familles, surtout dans les quartiers défavorisés, comme Alexandra, 400.000 habitants dans la banlieue de Johannesburg. Les villes sont régulièrement plongées dans un noir total pendant la nuit. Et pour certaines entreprises, c’est catastrophique, en particulier dans l’agro-alimentaire, où la chaine du froid est rompue. Les producteurs de lait, de volaille, sont sévèrement touchés. Des entreprises sont contraintes de licencier. Le taux de chômage dépasse 35% en Afrique du Sud. Le coût économique se compte en centaines de millions de dollars. "Les délestages tuent les emplois", criaient les manifestants à Johannesburg. Autre slogan fréquemment entendu : "Power to the people". C’est à double sens, puisque power c’est à la fois le pouvoir et l’énergie électrique.  

Endettement, vétusté, corruption, le triangle infernal

Ce n'est pas seulement la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine qui est responsable de la situation, loin s'en faut. L’entreprise nationale Eskom, qui gère 90% de la production d’électricité du pays, est rongée par la corruption et la mauvaise gouvernance. Les infrastructures sont vétustes. Le pays dépend à 80% du charbon et tarde à basculer vers les énergies renouvelables. Et dans les quartiers défavorisés, de nombreux habitants ne paient pas leurs factures. Par exemple, à Alexandra, Eskom estime à plus de 95% le nombre de mauvais payeurs. Résultat : l’entreprise est lourdement endettée. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa dit "comprendre le ras-le-bol" et il demande de la patience. Mais on voit mal comment la situation va s’arranger à court terme.  

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