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Manifestations en série et risques de crise politique au Sénégal

Ce pays d'Afrique de l'Ouest est considéré comme un ilot de stabilité démocratique sur le continent africain mais il est en proie à une forte tension politique avec plusieurs manifestations de soutien à l’opposant Ousmane Sonko.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les partisans de l'opposition se rassemblent  deux jours avant le procès du chef d'Ousmane Sonko dirige la coalition Yewwi Askan Wi, à Dakar le 14 mars 2023. (JOHN WESSELS / AFP)

Les rassemblements ont commencé mardi 14 mars au soir dans le quartier Acapès de Dakar, la capitale. Des dizaines de milliers de supporters d’Ousmane Sonko se sont réunis dans une ambiance de liesse pour apporter leur soutien à l’opposant qui est poursuivi par la justice. Ousmane Sonko a 48 ans, il dirige la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, Libérons le peuple, et il apparaît aujourd’hui comme le principal opposant au président sénégalais Macky Sall. Ousmane Sonko a été mis en cause dans une affaire de viols présumés, et il est aussi convoqué jeudi 16 mars dans un autre dossier, poursuivi par diffamation et injures par le ministre du Tourisme. Mais pour ses partisans, c’est un complot politique qui vise à l’écarter.

Mardi soir, plusieurs dirigeants de l’opposition sont donc montés sur scène pour le soutenir. Et Ousmane Sonko est monté à la tribune en dernier pour appeler ses soutiens à se réunir jeudi devant le tribunal, lancer l’un de ses slogans favoris, Gatsa Gatsa, œil pour œil, dent pour dent. Et ensuite appeler les forces de police et de gendarmerie à se placer "du côté du peuple", si elles ont "quelque chose entre les jambes". D’autres manifestations de soutien à Ousmane Sonko sont annoncées  mercredi au soir dans d’autres villes du pays et donc jeudi devant le tribunal à Dakar. Quant à Ousmane Sonko, il est bloqué à son domicile par les forces de l'ordre depuis ce matin.

Colère contre un éventuel troisième mandat du président Sall

L’opposition dénonce plus globalement une dérive autoritaire du président Macky Sall: ces derniers mois, de nombreuses manifestations ont été interdites dans ce pays de 17 millions d’habitants. Des opposants ont été arrêtés, des journalistes également comme le patron du site d’informations Dakar Matin Pape Alé Niang, incarcéré en novembre ou comme Pape Ndiaye, de la télévision Walfadjiri : il avait mis en cause l’impartialité de la justice dans le dossier d’Ousmane Sonko. La colère de l’opposition se cristallise aussi sur l’intention prêtée à Macky Sall de briguer un troisième mandat consécutif. L’actuel président, au pouvoir depuis 11 ans, verra son deuxième mandat s’achever l’an prochain. Et normalement la Constitution sénégalaise limite strictement la possibilité de faire un troisième mandat. Le président n’a pas dévoilé ses intentions mais l’opposition est persuadée que Macky Sall va chercher à passer outre la Constitution. Et dans le meeting de mardi on entendait notamment le slogan "Macky Sall dictateur".  

Une tradition de conciliation et de respect de l'État de droit

Cette tension est préoccupante dans un pays préservé par l’instabilité jusqu’à présent dans une Afrique de l’Ouest où les secousses se multiplient, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée. Le Sénégal y a échappé jusqu’à présent notamment parce qu’il possède une tradition de dialogue et de règlement des conflits. Les grandes confréries religieuses, les Mourides, les Tidjanes, jouent souvent un rôle majeur pour calmer les esprits. Mais si le Sénégal a échappé à l’instabilité c’est aussi parce que ses présidents ont su se retirer à temps après des échecs électoraux : Abdou Diouf, Abdoulaye Wade. Le comportement de Macky Sall en vue des élections de l’an prochain aura donc un impact majeur sur l’avenir du pays.  

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