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Nous n’avons jamais été aussi près de la fin du monde (et ce sont des scientifiques qui le disent)

En cause, selon ces experts américains, les menaces nucléaires et climatiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'ancien gouverneur de Californie, Jerry Brown et l'ancien secrétaire à la Défense des États-Unis, William Perry, dévoilent "horloge de l’apocalypse", le 24 janvier 2019 à Washington, aux États-Unis. (MARK WILSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

"It’s two minutes to midnight". C'est le verdict des scientifiques américains : il est minuit moins deux. Autrement dit : jamais, depuis le pic de la guerre froide en 1953, nous n’avons été aussi près de la fin du monde.

De quoi s’agit-il ? Cette "horloge de l’apocalypse" ("doomsday clock") a été inventée en 1947 par une association de scientifiques américains spécialistes du nucléaire. Cette association, le Bulletin of Atomic Scientists, est donc basée à Chicago et elle compte aujourd’hui une quinzaine de prix Nobel. Chaque année, fin janvier, ils livrent leur estimation du risque d’une disparition pure et simple de la planète, minuit étant l’apocalypse.

Au début des années 1990, après l’effondrement du mur de Berlin et la chute de l’Union soviétique, le risque avait été révisé à la baisse : il était alors minuit moins 17. Mais ces dernières années, l’inquiétude des scientifiques est repartie en forte hausse : l’an dernier, l’horloge avait déjà été arrêtée à minuit moins deux, ça n’a donc pas bougé depuis. Voici la formule de l’ancien gouverneur de Californie Jerry Brown, qui était l’un des présentateurs du rapport : "On joue à la roulette russe avec l’humanité, on est à bord du Titanic".

Donald Trump dans le viseur

Pourquoi cette inquiétude maximale ? D’abord, il y a une évaluation du risque d’une guerre nucléaire : c’est la raison d’être initiale de cette horloge, après Hiroshima et Nagasaki. Sur ce terrain, les scientifiques américains sont dubitatifs. C’est vrai, d’un côté, bonne nouvelle, il y a enfin un dialogue avec la Corée du Nord. Mais d’un autre côté, ce dialogue n’a pas arrêté le programme nucléaire nord-coréen. Surtout, l’attitude agressive de Donald Trump est dénoncée par les chercheurs : on parle du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien et de l’intention affichée par la Maison Blanche d’abandonner aussi l’accord sur les armes nucléaires intermédiaires.

La menace croissante des fausses informations

Mais ces scientifiques américains ne s’intéressent pas seulement à la menace nucléaire : au fil des ans, ils accordent de plus en plus d’importance à d’autres facteurs qui pourraient provoquer la fin du monde. C’est particulièrement le cas cette année. Dans leur diagnostic, ils insistent sur deux sujets, plus encore que sur le nucléaire. Le premier, c’est le risque climatique. Ils parlent "d’une faillite globale sur le sujet, voire d’un déni, alors que les émissions de gaz à effet de serre grimpent à nouveau". Là encore, Donald Trump est particulièrement visé, après son retrait de l’accord de Paris. Le second, c’est le développement des "fausses informations", les "fake news". De façon générale, les Nobel américains parlent d’un "chaos dans le système d’information, alors que c’est un gage de stabilité mondiale". Les efforts pour contrer ces "fake news" sont "très insuffisants", conclut le rapport, qui y voit donc une menace pour la planète toute entière, au même titre que la menace nucléaire.

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