Riposte dans Gaza : l'histoire personnelle de Benyamin Netanyahou va-t-elle peser sur les choix à faire ?
Face au chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deïf, architecte de l’attaque de samedi 7 octobre sur Israël et recherché depuis plus de 20 ans, se tient Benyamin Netanyahou, Premier ministre de l'État hébreu de 1996 à 1999, de 2009 à 2021 et à nouveau depuis 2022.
Son histoire résonne avec l’urgence d’articuler la riposte sur la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien est en ce moment confronté à des choix déterminants. Les frappes massives, auxquelles on assiste ces derniers jours, ne suffiront probablement pas à "détruire", comme il l’a juré, la direction du Hamas. Il doit aussi prendre en compte la situation des otages, détenus depuis dimanche à l’intérieur de l’enclave. Ils seraient autour d’une centaine de personnes, femmes, enfants, vieillards, probablement dispersés un peu partout dans Gaza. Tout cela pose donc la question d’une intervention terrestre, car s’engager dans une guerre urbaine impliquera forcément de nombreuses pertes civiles.
Des attentats à répétition et un commando d'élite
Cette décision placerait en première ligne les unités d’élite de l’armée israélienne, notamment le Sayeret Matkal, qui a la réputation d’être le meilleur commando d’élite du monde. Spécialisé dans le renseignement, l’anticipation tactique et l’extraction d’otages. C'est aussi l’unité la plus secrète de l’armée israélienne, dont les opérations sont hautement classifiées. Ses soldats agissent de façon autonome, en lien direct avec l’état-major. Ils ont pour mission de frapper en petits groupes derrière les lignes ennemies.
Cette élite des forces spéciales a marqué l’histoire militaire d’Israël. L’opération Gift en 1969 avec un raid sur l’aéroport de Beyrouth, celle du sauvetage en 1972 de l’avion détourné de la Sabena, ou encore la libération des otages d’Entebbe en 1976, un raid héroïque de 30 minutes sauvant 102 passagers d’un vol Air France détourné par des combattants du Front populaire de Libération de la Palestine.
Un deuil et une connaissance du coût humain
Benyamin Netanyahou a servi dans ce commando d’élite. C’est aussi dans cette unité que son frère aîné Yoni a trouvé la mort. Le drame est arrivé précisément lors du raid de 1976, sur l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda. Un deuil qui a conditionné toute la vie de l’actuel Premier ministre israélien. L’un de ses proches affirme que c’est pour cette raison qu’il s’est engagé en politique. Benyamin Netanyahou rappelle ce traumatisme, ce jour où il a répondu à l’appel de son plus jeune frère : "C’est Ido qui m’a appris la mort de Yoni à Entebbe. Mon monde s’est effondré. Mais pire que d’entendre la nouvelle de sa mort, ça a été d’annoncer à mes parents qu’ils avaient perdu leur fils. Je dois dire que ça été de loin le pire moment de ma vie. J’en ai eu quelques-uns mais rien de comparable. Je ne sais pas comment on a vécu avec ça."
Aujourd'hui, il est impossible pour le Premier ministre de ne pas réagir, mais il connaît le coût humain qu’impliqueraient une intervention terrestre massive et même des raids menés par l’unité Sareyet à l’intérieur de Gaza. Il n’y est pas nécessairement favorable et c’est d’ailleurs tout ce qui se joue actuellement au sein du cabinet de guerre israélien, avec son opposant Benny Gantz, qui lui est beaucoup plus enclin lui à agir rapidement.
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