Turquie et conflit libyen : que peuvent faire la France et l'Europe ?
Face à l'implication de la Turquie dans la guerre civile libyenne, l'Elysée dénonce un "interventionnisme inacceptable" et assure que "la France ne peut pas laisser faire." Comment Paris et au-delà, l'Union européenne, peuvent-ils réagir pour contrer les ambitions d'Ankara en Méditerranée ? Un vrai casse-tête diplomatique.
C'est un incident maritime au large de la Libye qui a provoqué la très vive réaction de l'Elysée. Il y a quelques jours, la marine de guerre turque a empêché un navire grec, qui opérait dans le cadre de l'embargo sur les armes décrété par l'ONU, de contrôler un cargo suspect venant de Turquie. Un cargo qui a pu continuer sa route vers un port libyen sans être inquiété. L'incident a été notifié à l'ONU, témoignant de sa gravité. Mais que faire pour contenir Ankara ? Face à cette démonstration de force de la Turquie, la France et l'Europe semblent désarmées et impuissantes.
Les options sont limitées. Les 27 pourraient renforcer leur présence militaire sur zone et envoyer un message de fermeté aux Turcs pour leur faire comprendre qu'une réponse plus énergique pourrait être employée. Mais évidemment, cela ajouterait de la tension à la tension, avec des risques de dérapages à la clé. Or, personne ne veut de ce scénario à Bruxelles.
La Libye, mais aussi beaucoup d'autres dossiers de friction
Quelle stratégie pourraient mettre en oeuvre les 27 vis-à-vis de la Turquie d'Erdogan ? Il n'y a pas beaucoup de leviers entre les mains des capitales européennes. L'adhésion de la Turquie à l'Union est gelée pour de nombreuses années. Des sanctions commerciales ne seraient pas forcément très efficaces, même si la moitié des échanges économiques avec la Turquie se font avec les 27. Les entreprises européennes seraient les premières pénalisées, notamment les sociétés allemandes.
Alors quelle option privilégier ? Sans doute, reprendre les fils du dialogue avec Ankara pour mettre tous les dossiers qui fâchent sur la table. Peut-être dans un premier temps sous la forme d'une troïka, un format qui avait bien fonctionné et donné des résultats en 2003 sur le dossier, ô combien sensible, du nucléaire iranien. Rien n'est pire que l'absence de dialogue. L'Europe pourrait faire des propositions dans le domaine de l'énergie ou de l'union douanière... en espérant attirer la Turquie dans un cercle vertueux.
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