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Un début de mandat surréaliste pour Nicolas Maduro au Venezuela

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro s'apprête à démarrer un deuxième mandat dans une ambiance politique délétère et dans un contexte économique catastrophique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Nicolas Maduro lors d'une conférence de presse avec les médias internationaux, en décembre 2018. (FEDERICO PARRA / AFP)

Imaginez qu’en France, l’Assemblée nationale dise tout d’un coup que le nouveau président de la République, qui vient d’être élu, n’est pas légitime... C’est exactement ce qui se passe au Venezuela, ce pays d'environ 30 millions d’habitants au nord de l’Amérique du Sud.

Jeudi 10 janvier, Nicolas Maduro va prêter serment pour un deuxième mandat consécutif à la tête du pays, sauf que les autres institutions ne reconnaissent pas la validité de l’élection qui a eu lieu en mai dernier.

Le Parlement est donc en conflit ouvert avec le président. Et l’Église, très puissante dans un pays qui compte 90% de chrétiens, parle, je cite "d’un mandat illégitime et moralement inacceptable". Mais Maduro, 56 ans, se moque éperdument de ces critiques. Pour lui, c’est un complot de l’extérieur et l’Assemblée nationale est "inutile". Il se voit uniquement comme l’héritier de la "révolution bolivarienne" initiée par son prédécesseur Hugo Chavez, il y a 20 ans. Et tout le pouvoir est désormais concentré entre ses mains et celles de ses proches. Un diplomate occidental résume la situation en ces termes : "Maduro est toujours le capitaine, mais c’est le capitaine du Titanic".

Un Titanic économique

Le pays est en train de couler économiquement. Un seul chiffre : l’inflation se compte en millions de pourcents au cours de l’année écoulée. C’est tellement énorme que c’est abstrait. Concrètement, cela signifie que si vous achetez ce soir un produit à un euro, demain, il vous faudra le payer 5 000 euros. Là aussi, c’est bien le mot "surréaliste" qui vient à l’esprit.  La pénurie frappe tous les produits, à part l’essence, totalement subventionnée par l’État. Les Vénézuéliens n’ont plus les moyens d’acheter de la viande, il n’y a plus de médicaments dans les hôpitaux.

Du coup, la criminalité explose. Et le redressement n’est pas pour demain : la production de pétrole a chuté. En dix ans, elle est passée de trois millions à un million de barils par jour. Ce contexte a provoqué l’exode migratoire le plus massif qu’ait jamais connu tout le continent latino-américain. Plus de deux millions et demi de Vénézuéliens ont déjà fui le pays, soit presque 10% de la population. Et l’ONU prédit une accélération de ce phénomène cette année.  

Un exode migratoire croissant

L'attitude des pays voisins s'annonce donc déterminante. 13 des 14 pays latino-américains ont déjà publiquement exhorté Nicolas Maduro à renoncer à son mandat. Et les voisins les plus proches, la Colombie, le Pérou, le Brésil, se disent incapables de faire face au flux migratoire. Le nouveau président brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, cache à peine qu’il verrait d’un bon œil un putsch contre Maduro. Mêmes les Chinois et les Cubains semblent prendre leurs distances. Seule, la Russie semble soutenir Caracas : on voit régulièrement un conseiller russe aux côtés de Maduro. Quant à l’ONU, elle est aux abonnés absents.

Autant dire que l’avenir du Venezuela s’annonce très incertain en cette année 2019.

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