Une traque digne d'un roman d'espionnage pour retrouver un avion de chasse au Japon
Une course aux parfums de Guerre froide se déroule dans le Pacifique, après un accident sur un F-35, un avion de chasse américain dont la technologie attire les convoitises.
On est en plein John Le Carré, ça fait aussi penser au célèbre film À la poursuite d’Octobre Rouge avec Sean Connery. De quoi s’agit-il ? D’une course contre la montre pour retrouver l’épave du plus sophistiqué des avions militaires, le F-35A américain. Tout commence mardi 9 avril : à 19h30, heure locale, quatre F35-A appartenant à l’armée japonaise décollent de la base de Misawa au nord de Tokyo. Il s’agit d’un exercice de routine. Mais au bout de 28 minutes, le pilote de l’un des quatre appareils demande soudainement à interrompre l’exercice. Aussitôt après, il disparaît des radars et s’abîme dans l’océan Pacifique, à 135 kilomètres de la côte japonaise.
Depuis, seule la dérive arrière de l’avion a été découverte. Le reste demeure introuvable, y compris le corps du pilote. Tous les experts militaires pensent, qu’en ce moment même, se déroule une incroyable chasse au fond des mers pour retrouver l’appareil. D’un côté, les Japonais et les Américains auraient déployé plus de 6 navires (un sous-marin et plusieurs avions de surveillance). De l’autre, sans doute les Russes et les Chinois, qui disposent de sous-marins furtifs capables de patrouiller au fond de l’Océan. Parce qu’en plus, nous parlons d’une zone de grands fonds, entre 1 500 et 2 500 mètres de profondeur.
Les Chinois, experts de la "technologie inversée"
Pourquoi autant d’intérêt pour une épave ? Parce que le F-35A, est un avion de chasse ultra-sophistiqué, dit de cinquième génération. Toute pièce peut livrer des renseignements précieux d’une valeur quasi-inestimable pour les spécialistes de défense. Le système radar, le moteur, les composants électroniques, même les morceaux de fuselage : tout est bon à prendre pour analyser l’appareil, son dispositif furtif qui lui permet de passer inaperçu, ou sa capacité de tir à 360 degrés. Et les experts militaires chinois en particulier ont la réputation d’être extrêmement doués pour la "technologie inversée", c’est-à-dire la capacité à examiner un projet pour en comprendre le fonctionnement et la construction.
Jusqu'à 100 millions d'euros pièce
Le mystère persiste également sur les raisons de l’accident et ça, c’est embêtant pour les États-Unis et le fabricant Lockheed. Y-a-t-il eu une erreur du pilote japonais - un homme expérimenté (3 000 heures de vol) mais qui connaissait mal l’appareil, le premier du genre à avoir été construit sur le sol japonais à partir des notices américaines ? Ou bien y-a-t-il un souci sur l’avion ? C’est le deuxième accident pour cet appareil, après un crash à l’automne dernier aux États-Unis qui est resté sans explication officielle.
L’enjeu commercial est colossal : en plus du Japon, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Australie et l’Italie ont déjà passé des commandes. Et chaque F-35A, selon le type de modèle, vaut entre 80 et 100 millions d’euros pièce. Tout cela explique aisément pourquoi ça s’agite dans les grands fonds du Pacifique.
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