Visite d'Emmanuel Macron en Chine : le président de la République espère enrayer le rapprochement entre Xi Jinping et Vladimir Poutine
"Nous pensons possible de les dissuader d’aller plus loin, éviter qu’ils ne basculent trop vers la Russie". Voilà la formule utilisée par un diplomate français. Traduction concrète : faire comprendre aux Chinois qu’ils ne doivent pas franchir le pas de livraisons d’armes à Moscou. "On a de vraies raisons de penser que la Chine est tentée de fournir des armes à la Russie", poursuit ce même diplomate, "il faut donc lui faire comprendre que ce serait, je cite, une décision funeste'"
Lors de son récent voyage à Moscou, Xi Jinping s’est affiché bras dessus bras dessous avec Vladimir Poutine. Les deux hommes partagent un même objectif d’affaiblissement des démocraties occidentales. Et le pouvoir chinois participe indirectement à l’effort de guerre du Kremlin par exemple en achetant du pétrole russe. Tant que ça en reste là, les Occidentaux ne disent rien. En revanche, la fourniture de renseignements aux Russes, par des images satellitaires chinoises, constitue un sujet beaucoup plus sensible. Et la livraison d’armes est une ligne rouge.
C’est le premier message qu’Emmanuel Macron entend faire passer au président chinois. Au demeurant rien de surprenant : la Chine n’a pas franchi ce cap des livraisons d’armes et ne semble pas décidée à le franchir.
La ligne rouge des livraisons d'armes
Il y a aussi ce plan de paix présenté par la Chine, un plan en 12 points présenté fin février. Il a d’abord été écarté d’un revers de la main par les Occidentaux. Au motif que c’est surtout un catalogue de grands principes. Il ne comporte rien de concret sur le règlement de la guerre en Ukraine. Mais le ton, au cours des dernières semaines, a un peu changé. À Paris, on considère désormais que ce plan constitue une "sorte de base de discussion". Il a d’ailleurs reçu un accueil assez favorable dans plusieurs pays du Sud. Et le texte présente au moins l’avantage de rappeler le principe du respect de la souveraineté territoriale des États. Sous-entendu celle de l’Ukraine.
La diplomatie française semble considérer important de ne pas traiter ces propositions chinoises par le dédain. Et surtout, l’Élysée fait observer, à juste titre, que Pékin est sans doute aujourd’hui la seule capitale en capacité d’influencer Moscou. Cela dit, on est en droit de s’interroger sur la volonté réelle de la Chine de jouer les médiateurs. D’ailleurs, Xi Jinping n’a toujours pas pris contact avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Un tandem avec Ursula Von der Leyen
Emmanuel Macron emmène aussi avec lui à Pékin la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen. D’une part, Paris veut signifier que son action s’inscrit dans le cadre européen. Une façon de dire au président chinois : nous savons que vous êtes plus puissant que la France, mais vous n’êtes pas plus puissant que l’Europe. Et quand vous parlez à la France, vous parlez aussi à l’Europe.
D’autre part, il y a sans doute entre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen une répartition des rôles. La présidente de la commission, à qui l’on prête l’intention de briguer ensuite le poste de Secrétaire générale de l’Otan, est réputée plus proche des positions de Washington. Donc plus dure vis-à-vis de la Chine, avec l’objectif à terme d’un découplage économique. À l’inverse Emmanuel Macron semble plus désireux de réactiver les échanges économiques avec Pékin. C’est d’ailleurs révélateur de la relation des 27 Européens à la Chine : il n’y a pas d’unanimité sur le sujet.
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