Une femme en été. Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association mémoire traumatique et victimologie
Elles ont été éprouvées, elles ont été en première ligne, elles sortent du confinement... Des femmes nous racontent leur été. Nathalie Bourrus les a rencontrées. Aujourd'hui, Muriel Salmona, psychiatre.
Nom : Salmona. Prénom : Muriel. Âge : 65 ans. Profession : psychiatre, (présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie).
C’est L’été de Muriel. Et il se résume en deux mots : chalet, et printemps. Oui, printemps. Ce printemps volé par la pandémie. Cette saison, c’est la préférée de cette grande spécialiste des traumatismes.
Je dois rattraper ce que j’ai loupé. Et je le fais en montagne, parce que j’adore ça.
Muriel Salmona
Comme chaque année, la psychiatre, qui participe à de multiples travaux sur les violences, prend de la hauteur. Pralognan est sa destination, son refuge, et celui de son mari cardiologue. L’idée : voir peu d’humains, et beaucoup, mais vraiment beaucoup d’oiseaux. "Je passe des heures à observer les gypaètes". "Pardon, les quoi ?". Elle rit, gentiment. "Les gypaètes. Ce sont des vautours, on les trouve notamment dans les alpes. Ils cassent les os, il laisse tomber du ciel les plus gros sur le sol, et ils les récupèrent après pour les dévorer".
Le sol, les sols. L’autre passion de Muriel Salmona. Cette femme, mère et grand-mère, n’est donc pas qu’une psychiatre émérite et reconnue. La géologie, l’obsède. "J’ai longtemps passé mes vacances à faire des stages, pour apprendre". Cet été, pas de stage. Mais de la grimpette.
On randonne, je me vide la tête. Et je me remplis d’une énergie très puissante, qui va me nourrir pendant des mois ensuite, une fois revenue à Paris.
Elle marche donc, avec des dénivelés de 1000 mètres. "Bon, avec l’âge, je n’arrive plus à faire davantage". Arrivée au sommet, Muriel s’en met plein les poumons. Mais surtout, c’est là qu’elle retrouve sa saison favorite.
"Dans le Parc de la Vanoise, en hauteur, les saules nains font tapis, dit-elle. Et plus on monte, plus on respire, et plus on retrouve le printemps". Elle se rue alors sur son appareil photo, qu’elle ne quitte jamais. Fleurs, herbes, animaux, arbres, tout y passe. Elle les regarde, elle les chérit.
Où sont donc les patients de Muriel Salmona ? Angoissés, flippés, malades de la vie, ou de ce confinement, apeurés par la suite, victimes enfants ou adultes… Ils ne sont jamais bien loin. Elle les garde tout près d’elle. Et, à la nuit tombée, elle observe les étoiles, et embrasse cet univers qui appartient à tous.
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