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Vous en parlerez aujourd'hui. Un observatoire de "l'agri-bashing" pour lutter contre les violences envers le monde agricole

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, la création d'un observatoire contre l'agri-bashing.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume à la foire au jambon de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 20 avril 2019. (MAXPPP)

Le monde agricole ne supporte plus l'insulte "paysans pollueurs". Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume a donc annoncé la création d'un observatoire contre l'agri-bashing. Un terme qui cache également d'autres réalités plus politiques.

Mais qu’est-ce que c’est que ce mot : agri-bashing ? Il est composé du mot "agriculteur" et du mot "bashing", un barbarisme qui signifie le dénigrement systématique des agriculteurs. Oui, plus jeune j’ai beaucoup écouté Alain Rey. On parle souvent de la détresse sociale du monde agricole, de la fragilité psychologique qu’il provoque, d’une profession qui s’interroge face à l’avenir, mais désormais nous serions passés à un autre niveau avec insultes et attaques d’exploitations. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’en est fait le porte-parole : "Dernièrement, une personne me disait : 'J'étais dans mon champ. Je traitais avec mon tracteur. Quelqu'un est venu m'agresser verbalement en me disant pollueur, assassin, descends de ton tracteur'. On ne peut pas rester comme ça."

Le premier observatoire vient d'être lancé dans la Drôme

L’idée de cet observatoire de l’agri-bashing est de récolter les témoignages, d’en faire une synthèse pour ensuite présenter les résultats de la violence verbale et physique envers les agriculteurs. Le premier observatoire vient d’être lancé dans la Drôme, piloté par le préfet et le procureur de la République, il compte des représentants des forces de l'ordre et de la Chambre d'agriculture. Si cet observatoire a été lancé dans la Drôme c’est un hasard total. Et si Didier Guillaume est lui-même un élu de la Drôme depuis 1992, c’est aussi un hasard total, on va arrêter avec le bashing. La Drôme c’est joli, un point c’est tout !

Si l’agri-bashing est une réalité, il faut faire attention avec ce terme très répandu dans le monde paysan. En effet, s’il est important de dénoncer les violences, le terme est également utilisé dès qu’une proposition pour la protection de l’environnement est énoncée. Moins de phytosanitaires ? Agri-bashing, Dénonciation des fermes-usines ? Agri-bashing. Dénonciation du modèle productiviste ? Agri-bashing. La danse des canards ? N’y aurait-il pas un peu d’agri-bashing ?

Ce terme d’agri-bashing ne marche pas avec tout. Le principal syndicat agricole, la FNSEA, l’a popularisé à propos de nombreux sujets et notamment l’interdiction du glyphosate. Un sujet qui aurait provoqué le dénigrement d’une profession par les médias et les réseaux sociaux, ce même bashing qui aurait amené aux violences envers certains agriculteurs. Ne mélangons pas tout : oui, les médias enquêtent et s’interrogent sur la réalité écologique ou le poids de lobbys mais ce n’est pas du bashing, c’est du journalisme. La lutte contre la planète-bashing ce n'est pas de l'agri-bashing, mais on sent qu'il faudra encore du temps pour réunir les deux.

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