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Kamala Harris investie, yes she Kam

C’est sous un tonnerre d’applaudissements et une avalanche de ballons aux couleurs du drapeau américain que Kamala Harris a accepté l’investiture du parti démocrate, après une semaine de convention très festive, un grand show comme les Américains savent le faire. C'est le sujet du 7e épisode de Washington d’ici, le podcast original avec les correspondants des médias francophones publics.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 27 min
Kamala Harris lors de la convention démocrate à l'United Center in Chicago, le 22 août (ROBYN BECK / AFP)

Après une campagne électorale complètement chamboulée, digne d’une saison de House of Cards, la vice-présidente est la candidate démocrate. C'est historique, ce devait être un homme blanc de 81 ans, ce sera finalement la première femme noire à être investie candidate. Kamala Harris à 59 ans.

Lors de cette convention démocrate, il y avait vraiment une énergie particulière, on sentait l’enthousiasme, le soulagement, l’espoir des militants démocrates qui pour beaucoup étaient assez déprimés et pessimistes il y a encore quelques semaines, lorsque Joe Biden était encore le candidat du parti.

"C'était une ambiance de folie, pleine de paillettes, un vent nouveau", explique Sébastien Paour de Radio France. "Elle est venue remplacer un vieux monsieur qui, quand il est monté sur scène, je me suis demandé comment on avait pu accepter que cet homme à la démarche lente, saccadée soit candidat. Kamala Harris a effacé, renvoyé dans les tribunes de l'histoire Joe Biden."

Le thème de cette convention était la joie, mais il y avait aussi des mises en garde. "On a beaucoup entendu ce terme. Kamala Harris est la présidente de la joie, comme l'a répété Bill Clinton. Mais, il y avait des mises en garde, parce que ce n'est pas gagné d'avance pour les démocrates", explique Frédéric Arnould de Radio-Canada.

Un discours très attend

"Au nom du peuple, au nom de tous les Américains peu importe leur parti, leur race, leur genre ou la langue que vous parlez. Au nom de ma mère et de tous ceux qui ont eu un chemin de vie particulier. Au nom des Américains qui ressemblent à ceux avec qui j'ai grandi, des gens qui travaillent dur, poursuivent leurs rêves et veillent les uns sur les autres. Au nom de tous ceux dont l'histoire ne peut s'écrire que dans la plus grande nation du monde, j'accepte votre nomination pour devenir présidente des Etats-Unis", a déclaré Kamala Harris dans son discours.

Elle a commencé ce discours en parlant beaucoup de son histoire personnelle. Un choix stratégique. "Il faut faire le récit personnel, son propre storytelling, devant tous ceux qui potentiellement vont être des électeurs et pour faire en sorte qu'il s'identifient", explique Sébastien Paour. Kamala Harris a eu du mal à se livrer ces dernières années. Mais, il le fallait. "Beaucoup d'Américains connaissent le nom de Kamala Harris, mais ils ne savent pas qui elle est fondamentalement et c'est pour cela que cette présentation est très importante politiquement", explique Jordan Davis de RTS.

La liberté mise en avant

La liberté était un thème central dans son discours, la chanson Freedom, de Beyonce est d’ailleurs son hymne de campagne. Si les démocrates ont choisi d’insister sur ce terme c'est parce que les libertés, tout comme "les droits des gens (disposé de son corps, ceux de la communauté LGBT) parlent davantage à une plus jeune génération," contrairement à Joe Biden "qui insistait beaucoup sur la défense de la démocratie, qui est abstrait pour les gens", explique Guillaume Naudin, de RFI. "De plus, les Républicains ont fait de la liberté une valeur centrale de leur discours depuis des années pour s'en faire quasiment les dépositaires et les démocrates essaient de le récupérer."

Une politique étrangère qui rassure ?

Kamala Harris a aussi parlé de politique étrangère, notamment du conflit à Gaza, un sujet qui tient à cœur à de nombreux électeurs démocrates. "C'est un moment important." Kamala Harris a dit qu'elle voulait "essayer de mettre fin à cette guerre, et travailler à ce que l'État palestinien réalise ce droit à l'autodétermination. On a eu une réponse directe des délégués", explique Frédéric Arnould, de Radio-Canada. "Il y a une frange, assez à gauche du parti, qui hésite encore à la soutenir à cause de Gaza, mais avec ce message cela va avoir une répercussion."

Un électeur disait que selon lui ce discours allait rassurer ceux qui trouvaient son programme trop flou, notamment les indécis. "Je pense que son discours était efficace. Elle a corrigé les faiblesses que les électeurs indécis pouvaient pointer du doigt."

Un défilé de célébrités pendant la convention

L'actrice Eva Longoria, Stevie Wonder, la chanteuse Pink…étaient présents, mais les vraies stars de la semaine c’était Barack et Michelle Obama. Cette dernière "a soulevé la salle tout en prévenant les démocrates de ne pas se laisser griser par leur enthousiasme, leur joie et qu'il fallait faire quelque chose, motiver les gens, pour transformer l'enthousiasme en vote. Elle a été la meilleure de toute la semaine", estime Guillaume Naudin de RFI.

Selon les sondages Kamala Harris a désormais une légère avance dans les sondages. La prochaine grande étape c’est le débat qui va opposer Kamala Harris à Donald Trump le 10 septembre.

"Washington d'ici" est un podcast des médias francophones publics. Une fois par mois, les correspondant·e·s de franceinfo, la RTBF, Radio-Canada, la RTS et RFI décryptent, à leur manière, les toutes dernières infos de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024. Avec Sébastien Paour (franceinfo), Jordan Davis (RTS), Frederic Arnould (Radio-Canada), Sonia Dridi (RTBF) et Guillaume Naudin (RFI). Réalisation : Philippe Benoît (RTBF) et Régis De Rath (RTBF).

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