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Roland-Garros 2021 : Affinité, hasard... Comment se choisit un partenaire de double

Entre opportunités et complémentarité, plusieurs paires de double racontent leur formation et les clés de leur succès.

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert forment la paire la plus titrée du tennis français.  (FRANK MOLTER / DPA)

La paire la plus titrée du tennis français, formée par Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, dispute, samedi 12 juin, la finale du double messieurs à Roland-Garros. Depuis 2014, les deux hommes cultivent leur complémentarité et leurs affinités, deux clés du succès en double. Qu'ils soient tout récents, ou multi-titrés, plusieurs duos racontent la génèse de leur association.

À l'origine de la formation d'une paire, se trouve souvent une histoire d'opportunité. En 2014, alors qu'il jouait avec Nicolas Mahut, Michaël Llodra se blesse et met un terme à sa carrière. Mahut se met alors à la recherche d'un nouveau partenaire : "C'est moi qui ai demandé à Pierre-Hugues s'il voulait jouer avec moi. Je trouvais qu'il avait un énorme potentiel et je voulais tenter l'aventure avec un joueur plus jeune que moi", raconte-t-il. Une proposition acceptée avec joie par Herbert : "J'étais extrêmement honoré qu'il s'intéresse à moi. Il venait de faire une finale de Grand Chelem avec Llodra, et moi je venais de rentrer dans le top 100 du double. Le fait qu'il me propose ça m'a donné beaucoup de confiance. Ça a ajouté aussi de la pression de bien faire, de lui rendre la confiance qu'il avait placée en moi".

Dan Added, jeune joueur de 22 ans classé 435e en simple, a aussi su saisir sa chance auprès de Jo-Wilfried Tsonga. Ensemble, ils ont disputé leur premier tournoi à Roland-Garros cette année. "Avec Jo, on s'est entraîné ensemble à la All-In Academy, et sur une discussion anodine avec son entraîneur, je lui ai dit que je ne trouvais pas de partenaire pour obtenir une wild-card à Roland-Garros. Il en a parlé avec Jo, je lui ai fait une demande un peu plus officielle, et il a accepté", raconte le jeune joueur. "J'avais envie de jouer le double aussi, parce que c'est une très bonne chose de pouvoir jouer à Roland-Garros, de garder le rythme. Et c'était l'occasion de donner une chance à Dan de s'exprimer au haut-niveau, de progresser, parce qu'il fait partie des joueurs qui triment sur le circuit secondaire. J'étais heureux de lui donner un coup de pouce", ajoute l'aîné de la paire. 

Dan Added et Jo-Wilfried Tsonga ont disputé leur premier tournoi ensemble à Roland-Garros. (Hortense Leblanc)

Pas toujours le choix 

Pour les joueurs et joueuses au classement éloigné des cimes, la recherche de partenaire de double se révèle parfois compliquée : "Mon classement ne me permet pas forcément de choisir, mais j'essaie de trouver une fille assez bien classée pour pouvoir rentrer dans les bons tournois", témoigne Elixane Lechemia, numéro 2 française du double féminin, mais 98e mondiale. "C'est très dur de trouver quelqu'un avec qui ça peut durer. Quand on n'a pas un classement extraordinaire, il faut chercher quelqu'un à chaque tournoi, trouver une personne qui dispute le même tournoi, lui demander, qu'elle soit libre, qu'elle ait envie de jouer le double... C'est pour ça que beaucoup changent régulièrement de partenaires, mais ça ne permet pas de progresser", ajoute-t-elle. 

L'affinité, premier critère 

Depuis quelques mois, Elixane Lechemia a trouvé une partenaire stable, l'Américaine Ingrid Neel : "Ça s'est fait un peu par hasard, mais on s'est tout de suite très bien entendues et on a gagné dès notre deuxième tournoi commun. On a une très bonne communication et la même personnalité. Même si certaines paires peuvent parfois fonctionner sans grande affinité, pour moi c'est primordial", détaille la Française. Margot Yerolymos, alignée aux côtés de Diane Parry à Roland-Garros, la rejoint : "Si on veut mettre en place des choses sur le court, il faut bien s'entendre. Je ne pourrais pas jouer avec une fille que je n'aime pas sous prétexte qu'elle est bonne en double"

Nicolas Mahut accorde lui aussi beaucoup d'importance aux relations humaines dans une paire : "Quand on réfléchit à un joueur, on essaie de prendre tout en considération : est-ce que les caractères vont s'accorder ? Quand il y a des moments difficiles, il faut être capable de se dire les choses sans tout remettre en cause, être sur la même longueur d'ondes". Avec Pierre-Hugues Herbert, il a trouvé le double idéal : "On s'entend très bien, on est content de se retrouver, même en dehors pour faire des dîners, des parties de cartes". 

Une complémentarité indispensable 

Les caractères ne sont pas les seuls éléments à accorder au sein d'une paire. Les styles de jeu doivent également se compléter. Pour Margot Yerolymos, c'est même "un critère obligatoire". Après avoir beaucoup changé de partenaires, Elixane Lechemia y prête désormais attention : "Plus le temps passe, plus je me dis qu'il faut que je trouve une fille avec qui j'ai un jeu complémentaire, pour qu'on compense chacune les faiblesses de l'autre. C'est le cas avec Ingrid, qui est très compétente au filet avec une bonne couverture du terrain, et moi qui ai un bon service et un bon retour". 

Nicolas Mahut a également pris en compte le critère du jeu de Pierre-Hugues Herbert : "Ça vient dans un second temps pour moi, après l'humain, mais il faut que l'on se complète sur le terrain". Une complicité rapidement trouvée pour la paire la plus titrée du tennis français, lauréate des quatre tournois du Grand Chelem : "On s'est bien trouvés, on a des jeux similaires, bien qu'on joue de manière différente. On arrive à donner du sens à tout ça sur le terrain et ça a pris très rapidement". 

Peu d'entraînement 

Et si les affinités et les styles de jeu doivent rapidement fonctionner, c'est aussi parce que les duos disposent de peu de temps pour s'entraîner : "Pendant longtemps, on a joué le simple tous les deux, donc on avait très peu de moment pour se retrouver. Il fallait être très concentrés à chaque fois qu'on était sur le terrain ensemble. Mais le fait d'enchaîner les matchs et les tournois, c'est ce qui nous a fait progresser. Et quand on est éliminés rapidement en simple, on prend le temps pour travailler nos automatismes et nos combinaisons", raconte Nicolas Mahut. "On n'est pas la paire qui passe le plus de temps à s'entraîner ensemble, mais la Coupe Davis nous a beaucoup servis puisqu'on passait toute la semaine à deux", précise Pierre-Hugues Herbert. Les deux hommes espèrent que leur expérience commune leur permettra, samedi, de remporter Roland-Garros pour la deuxième fois. Pour doubler le plaisir.

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