Roland-Garros 2023 : "À 0-3, je me suis dit que je n'avais pas gagné un match depuis que je suis papa", s'émeut Gaël Monfils après sa victoire renversante
Des crampes, des sourires et des grimaces. Gaël Monfils, comme souvent, a tout fait devant son public. Pour son entrée en lice à Roland-Garros, il n'avait pas la tâche facile contre l'Argentin Sebastian Baez, 22 ans et 42e mondial, sachant qu'il n'avait plus gagné un match complet depuis le mois d'août dernier (il a remporté une seule rencontre sur abandon depuis). Mais fidèle à sa réputation, il est allé au bout de lui-même pour s'imposer (3-6, 6-3, 7-5, 1-6, 7-5).
"Vous l'avez fait ! C'est grâce à vous ! Je ne sais même pas quoi dire, poussé par le public j'ai eu un nouveau souffle. Des gens ont crié et je me suis dit : 'allez, on y va encore'. C'est exceptionnel, je n'ai pas de mots", a-t-il soufflé sur le court à l'adresse du public, quelques secondes après la fin de ce match épique.
Au fond du trou dans ce début d'ultime manche, où a-t-il été cherché cette force de gagner chaque point, chaque jeu, d'y croire encore et de passer outre les douleurs ? "La vérité, à trois zéro, presque quatre, je me suis dit : 'je n'ai pas gagné un match depuis que je suis papa et ma fille est à Paris'. Donc c'était le moment, a-t-il confié. Je me suis encore plus lâché, je me suis mis à déconner dans ma tête, à être moins dans le match. J'ai pris l'énergie du public, j'ai commencé à croire en moi. Les coachs me disaient des choses, je leur disais des choses. On a tout fait, on n'a rien fait. Mais je n'ai pas les mots."
"Top 1 ou 2" de ses plus belles victoires en carrière
Les mots, il les a retrouvés davantage en conférence de presse. Marchant toujours péniblement, sa langue s'était au moins un peu décontractée. Dans la tête en revanche, c'est toujours un Monfils un peu halluciné, parfois lucide, complètement extatique qui s'est présenté tout sourire. "C'est un des meilleurs moments de sport que j'ai pu vivre", s'est réjoui le demi-finaliste de l'édition 2008.
"Je me suis dit: 'J'ai vécu un truc de dingue ce soir'. Au fond, je savais que ça allait être très, très dur, parce que je m'étais entraîné avec Baez la semaine dernière et je l'avais trouvé monstrueux. Quand j'ai vu le tableau, je n'étais pas très content. Avoir réussi à trouver des solutions inespérées, je suis juste très content."
Ces solutions, l'actuel 394e joueur mondial les a puisées dans "un public exceptionnel" répète-t-il. Et dans un coup de poker assez périlleux. Après le gain des deuxième et troisième sets, le manque de repères physiques des derniers mois dans les matchs en trois sets gagnants s'est fait ressentir. "J'ai fait quelque chose de très osé en lâchant le quatrième set parce que je suis fatigué, que je suis mort. Je sens que j'en peux plus, je dis à Mikael (Tillström, son entraîneur) que j'ai besoin de dix minutes. J'ai eu besoin de 25 minutes..."
Le temps de reprendre son souffle, Monfils a perdu 6-1 le quatrième set, et s'est retrouvé au bord du précipice, mené 4-0 dans la dernière manche et à une balle de concéder un triple break. Le genre de situation dont on ne se remet normalement pas. Mais Monfils n'est décidément pas comme les autres. "Ce qui est fou, c'est qu'à Roland-Garros j'ai réussi mentalement à me dire : 'Non, non, mais t'inquiète, je vais récupérer et je vais le niquer dans le cinquième !'. Tu imagines le malade que je suis !" "Honnêtement, je ne m'attendais même pas à gagner ce match, ce n'est que du bonus, que du positif" a-t-il poursuivi, classant cette victoire renversante dans le top "1 ou 2" de sa carrière.
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