Roland-Garros 2023 : la renaissance de Lucas Pouille, qualifié pour le tour principal après un an de galère
Il a fermé les yeux quelques secondes avant de s'écrouler en larmes sur sa chaise, le temps de réaliser ce qu'il venait de faire. Lucas Pouille est résilient. Il y a un an, le Français tombait en dépression et débutait une longue traversée du désert. Le temps est passé et le Tricolore, retombé au 670e rang mondial, a renversé Jurij Rodionov, jeudi 25 mai, sur un court n°14 chauffé à blanc, pour s'offrir son ticket pour le tour principal de Roland-Garros.
Douze mois se sont écoulés après cette défaite face à Zdenek Kolar sur le même court, après une invitation de l'organisation. Cette fois, le Nordiste est allé chercher son sésame en écartant la tête de série numéro 22 en trois sets (1-6, 7-5, 6-0).
Un nouveau chapitre
Il y a trois jours, il posait une première pierre pour son retour avec un succès sur Tomas Machac. "Je pense que c’est la victoire qui me fait le plus plaisir depuis presque quatre ans. J’arrivais à Roland avec trop peu de repères, de certitudes", expliquait-il.
"Mon premier tour l'année dernière ici n'a pas été le plus beau des souvenirs. Je m'en souviens, il était 22h30. J'avais terminé. On était avec Thierry (Ascione), Félix (Mantilla), mon kiné et ma femme à une table au restaurant. Il n'y avait personne. J'avais la tête basse à me répéter ce que je faisais sur un court."
Lucas Pouille, qualifié pour le premier tour de Roland-Garrosà franceinfo: sport
Des repères, Lucas Pouille montre qu'il en manque encore sur le court. Si son coup droit gicle toujours aussi bien, le déchet entraperçu face à un vrai terrien comme Tseng se confirme face à Jurij Rodionov, plus puissant que son précédent adversaire. Le Français bute sur un os. Un 6-1 pris d'entrée et le sentiment que la marche est trop haute. Peut-être fallait-il digérer ce public venu en nombre, ces tribunes pleines à craquer et une queue s'étalant sur une vingtaine de mètres à la sortie du court."À partir du moment où je suis entré sur le terrain, une émotion m'a submergé. Le public était juste incroyable, il n'y a pas de mots", a soufflé le Français après la rencontre.
Aucun répit n'est accordé à Lucas Pouille, pas même après toutes ses galères. Atone durant près de 30 minutes, le Français hausse cependant le ton à 2-2 au terme d'un jeu disputé. Et lève le poing. L'attitude change et le Français se lâche. Il emporte le deuxième set et fait complètement dégoupiller Rodionov à mesure que le public augmente les décibels. Un trop-plein d'émotion pour Clémence, la compagne de Pouille, qui fait un malaise à la fin de la deuxième manche. Sans conséquences.
Pouille écrit son histoire
Le Français est lancé. Comme face à Tseng, il déroule et empoche le troisième et dernier set sur une nouvelle roue de vélo, 6-0. Avant de se relâcher. En larmes dans les tribunes, sa compagne sait le chemin parcouru. "Quand, j'ai arrêté, elle a eu du mal avec ça. Elle a sans cesse répété : 'Ça ne te donne pas envie ?' Et puis elle m'a poussé à jouer à Bercy pour le plaisir." Le début du renouveau.
Désormais dans le tableau principal, Lucas Pouille retrouvera le même adversaire, repêché en tant que lucky loser, selon le tirage opéré vendredi. Pour le Français l'essentiel est cependant ailleurs. "Je veux profiter plus des choses et des gens qui m'apportent, du plaisir, du bonheur, de l'amour", explique-t-il, sourire aux lèvres, avant d'ajouter l'air malicieux : "J'aimerais quand même bien jouer encore sur le 14." Comme un clin d'œil à l'histoire. Son histoire, celle de sa renaissance.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.