Roland-Garros 2024 : une nouvelle caméra accrochée à l'oreille des arbitres, simple gadget ou vraie avancée ?
Oubliez le chapeau Panama : cette année, en dehors des parapluies, l’accessoire tendance porte d’Auteuil, c’est la caméra accrochée à l’oreille. Une nouvelle coquetterie - et une première mondiale - imaginée par la Fédération française de tennis (FFT), qui équipe les arbitres de chaise du Central de Roland-Garros depuis l’ouverture du tournoi avec un but : rendre les retransmissions encore plus immersives. "Tout le monde peut nous entendre à présent, et c’est une bonne chose", se félicite l'arbitre suédoise Louise Engzell.
Pour le moment, du côté des spectateurs, l’initiative divise, avec des images pas toujours stables. "Il faut laisser le temps aux chaînes TV de s’emparer de ce nouvel outil, de l’apprivoiser", relativise Jean-Patrick Reydellet, responsable des arbitres de Roland-Garros et porteur de ce projet. "C’est un système utilisé dans d’autres sports, en rugby, NBA, football. On l’adapte au tennis et on récolte les retours des officiels pour améliorer ce système", ajoute l’homme qui reçoit dans son bureau, perdu au milieu d’un dédale de couloirs sous les courts.
D'abord sceptiques, les arbitres vite convaincus
Si les chaînes de TV peaufinent jour après jour l’usage de ce nouvel outil, la "refcam" - son petit surnom - a déjà séduit les principaux concernés : les arbitres de chaises. "D’abord, on a été surpris", avoue Louise Engzell. "On se demandait ce que ça allait être. Mais, en vérité, une fois qu’on arrive sur le court, tout ce qui nous entoure disparaît. On est concentré sur notre tâche, donc même si on avait un énorme chapeau sur la tête, on n’y penserait plus."
Premier officiel à enfiler cette nouvelle caméra, Nico Helwerth avait lui aussi "une appréhension", parce qu’il se retrouve "avec quelque chose d'accroché à la tête, ce qui est nouveau". Mais l’Allemand a vite pris le pli : "On sait quand on vient ici qu’il peut y avoir ce genre de nouveautés, parce que Roland-Garros a toujours été un tournoi qui innove. On a l’habitude. Puis, avant de juger, il faut essayer. On a essayé, et ça fonctionne !" Si les deux arbitres concèdent que la caméra pourrait être plus fine, ils rassurent toutefois : elle n’est ni trop lourde, ni dans leur champ de vision.
"On sent surtout les deux batteries accrochées dans notre dos", confie Louise Engzell. Des batteries qu’il faut d’ailleurs vite changer entre chaque set. "Beaucoup de gens en tribunes doivent penser que c’est un micro", imagine Nico Helwerth. La forme cylindrique de cette caméra accrochée telle une oreillette peut effectivement le laisser penser. Et étonne. Mais le test des caméras GoPro ventrales réalisé l’an passé n’a pas été concluant. "Quand les juges étaient assis, on ne voyait que leur micro", sourit Jean-Patrick Reydellet.
Des joueurs indifférents
Ce nouvel outil technologique n’a en revanche aucun effet sur les joueurs, assurent les deux officiels, pour une raison simple selon Nico Helwerth : "Ils sont déjà filmés sous tous les angles sur le court, et même dans les vestiaires. Donc une caméra de plus ou de moins... Quand on leur annonce au début de match, souvent ils ne réagissent pas."
Ces “refcam” sont surtout destinées au public. "Pour les commentateurs, ça peut aider à vite savoir ce qu’il se passe, en cas d’interruption du match à cause de la pluie, et d’explication avec un joueur", apprécie Louise Engzell, "C’est bien qu’on entende nos discussions, que l’on soit ouvert, qu’on ne cache rien."
Autre fonctionnalité : embarquer les téléspectateurs sur le court quand l’arbitre quitte sa chaise pour vérifier si la balle était faute ou non. "Quand on vérifie une marque, ça peut aller très vite, parce qu’on a l’habitude. Pour le spectateur, il faut sans doute passer ces images au ralenti", sourit l’arbitre suédoise. S'il reste à peaufiner certains détails, le plus important pour Jean-Patrick Reydellet, c'est que "ces nouveautés technologiques, toujours les bienvenues, n'interfèrent pas sur le jeu".
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