Roland-Garros : "Il faut pointer du doigt la formation", estime Paul-Henri Mathieu, directeur du haut niveau à la FFT
L'ancien joueur est revenu sur les piètres résultats des Français au tournoi de Roland-Garros, en évoquant notamment un "trou générationnel".
"Il faut vraiment pointer du doigt la formation" des jeunes joueurs de tennis, a souligné vendredi 4 juin sur franceinfo Paul-Henri Mathieu, consultant franceinfo et directeur du haut niveau à la Fédération française de tennis (FFT), alors qu'il n'y a plus aucun Français au troisième tour des internationaux de Roland-Garros, une première. La FFT a présenté vendredi les grandes lignes de sa politique sportive pour relancer le tennis de haut niveau en France.
franceinfo : Comment expliquez-vous cette absence de Français au troisième tour ? Il y a un creux générationnel ?
Paul-Henri Mathieu : Il y a un creux générationnel, effectivement. Ce manque de résultats cette année, ce n'est pas vraiment une grande surprise. On pouvait s'y attendre. Cela aurait pu aussi arriver l'année dernière. On a eu une génération dorée avec Tsonga, Simon, Gasquet et Monfils, c'était une génération exceptionnelle. Ils n'ont pas gagné de tournoi du Grand Chelem. On attendait toujours plus, mais ils ont gagné plus d'une cinquantaine de tournois, ils ont été dans les dix meilleurs joueurs du monde. Ils ont gagné la Coupe Davis, ils ont tous participé au Masters, quelque chose qui est quand même assez rare.
Ensuite, il y a un trou générationnel aujourd'hui qui s'impose. Mais ce qui est vraiment important, c'est de se concentrer sur la nouvelle génération qui va arriver. À un moment donné, il y a un maillon qui doit fonctionner un peu moins bien. Il faut pouvoir le pointer du doigt, le trouver et trouver des solutions pour avancer.
Vous pointez aussi le fait que s'il y a du talent chez les jeunes joueurs français, sans le travail, le talent ne sert à rien ?
C'est pour tout pareil. Effectivement, c'est le travail, la persévérance et surtout au haut niveau, la constance dans le travail. Ce n'est pas travailler quelques journées par-ci par-là, bien jouer une semaine. C'est retourner à l'entraînement tous les jours en donnant le maximum de soi-même. C'est vraiment ces valeurs-là et c'est cet état d'esprit là qu'on doit retrouver chez nos jeunes.
Vous insistez sur la formation, mais la précocité ne vous intéresse pas à la fédération ?
Je peux prendre mon exemple. Moi, j'ai été très fort en étant très jeune, j'ai été numéro un mondial quand j'avais 14 ans. Mais ce n'est pas pour ça que j'ai gagné Roland-Garros. Je pense que ce qui est très important dans les catégories jeunes, c'est de pouvoir se former et d'avoir les meilleures armes, justement pour se préparer sur le circuit professionnel ensuite. Donc il faut vraiment pointer du doigt la formation. Même si on n'a pas forcément des très bons résultats quand on joue en catégorie jeunes, ce n'est pas pour ça qu'on n'y arrivera pas. J'insiste sur la persévérance, sur l'exigence qu'on doit avoir dès le plus jeune âge, et ne pas se focaliser sur des résultats. Ensuite, pour aller chercher un Grand Chelem, pour aller chercher la place de numéro un mondial, ce que tout le monde veut, c'est un vrai projet personnel.
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