Roland-Garros : il y a 30 ans, la révolution Monica Seles, reine incontestée de la porte d'Auteuil
En 1991, la jeune Yougoslave, déjà tenante du titre, confirmait son incroyable talent en survolant le tournoi.
L'une des championnes les plus dominantes de son époque. Il y a 30 ans, la planète tennis trouvait sa nouvelle reine de la terre battue et l'héritière de Chris Evert en Monica Seles. Le 8 juin 1991, l'enfant prodige de Yougoslavie remportait son deuxième titre consécutif à Roland-Garros, écrasant toute concurrence sur son passage.
Un an auparavant, Monica Seles avait déjà marqué les esprits porte d'Auteuil en devenant la plus jeune joueuse à remporter le tournoi. À peine âgée de 16 ans, l'adolescente s'était imposée face à la n°1 mondiale incontestable de l'époque, Steffi Graf. Un potentiel confirmé les mois suivants puisque, au début de l'année 1991, l'incroyable s'est produit : Seles a renversé Graf en tête du classement mondial, mettant fin aux 186 semaines de règne de l'Allemande, un record de longévité au sommet qui tient toujours (codétenu depuis 2016 avec Serena Williams).
June 9, 1990
— wta (@WTA) June 9, 2017
16 year old @MonicaSeles10s wins first Grand Slam title at @RolandGarros! pic.twitter.com/QUyj6274sV
Un tennis révolutionnaire
Forte de son nouveau statut et de son succès à l'Open d'Australie au début de l'année 1991, Monica Seles entame la saison sur terre en pleine confiance. Quelques semaines avant le Grand Chelem parisien, elle remporte le tournoi de Houston et atteint la finale à Rome et Hambourg. Mais c'est à Roland-Garros qu'elle assoit sa domination sur l'ocre et le circuit féminin.
Au printemps 1991, Seles n'est plus la fille fluette à la queue de cheval épaisse qui avait soulevé le trophée Suzanne-Lenglen un an auparavant. Grandie de quelques centimètres, plus musclée des cuisses et des épaules, sa transformation physique lui permet de relancer avec une plus grande force. Son style de jeu - frappant à deux mains des deux côtés, prenant la balle tôt au rebond, collée en fond de court - et sa puissance impressionnent.
"Seles, c'était la hargne incarnée, une guerrière qui mettait beaucoup d'intensité dans ses frappes", explique Justine Henin, quatre fois titrée à Roland-Garros. "Elle a marqué une grande évolution avec son style particulier et a amené le tennis féminin dans une nouvelle dimension, de par sa solidité et sa puissance régulière." Celle qui sera naturalisée Américaine en 1994 s'impose comme la première "cogneuse" du circuit féminin.
À Paris, Seles marche sur l'eau
Lors de cette quinzaine parisienne, Monica Seles dicte sa loi. La Yougoslave d'origine serbe élimine sans broncher toutes ses adversaires, dont Conchita Martinez (8e joueur mondiale) en quart et Gabriela Sabatini (3e) en demi-finale. Lors de la finale, la pression du titre glané en 1990 et sa couronne de numéro un mondiale fraîchement acquise ne semblent pas atteindre la native de Novi Sad, qui s'impose face à l'Espagnole Arantxa Sanchez (5e) en 1h29 (6-3,6-4).
"Je ne pouvais pas rêver d'un meilleur tournoi", déclare la jeune joueuse après sa victoire. Sur l'ensemble de ses matchs, Seles ne concède qu'un seul set - en huitièmes de finale face à l'Italienne Sandra Cecchini (22e) - et 34 jeux, soit moins de cinq perdus par rencontre en moyenne.
Pour Justine Henin, la domination de l'adolescente s'explique aussi par son mental de fer. "Seles avait une force mentale étonnante pour son jeune âge, elle jouait avec une conviction absolue. Elle faisait preuve d'une volonté incroyable et d'une grande rigueur, raconte la Belge, qui a eu l'occasion de s'entraîner à ses côtés à Paris en 1999. "Elle arrivait toujours tôt sur le court et très concentrée. Son ambition et sa force de caractère ont joué un rôle important."
L'année suivante, Seles fera à nouveau de la porte d'Auteuil son royaume, puisqu'elle remportera le tournoi une troisième fois de suite en 1992, performance seulement réalisée par... Justine Henin depuis. "Monica était une joueuse singulière et a écrit une page du tennis féminin", estime la Belge.
Son aisance sur terre battue laisse même penser qu'elle pourra titiller le record de Chris Evert, sacrée sept fois à Paris. Mais un coup de poignard infligé en plein match par un spectateur à Hambourg en 1993 va briser la carrière de la n°1 mondiale. Malgré son retour sur le circuit deux ans plus tard, elle ne retrouva jamais son meilleur niveau.
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