Roland-Garros 2021 : mené deux manches à rien, Novak Djokovic renverse Stefanos Tsitsipas et s'offre un second titre porte d'Auteuil
Mené deux sets à rien, le Serbe a retourné la rencontre pour s'imposer en cinq manches face au Grec et remporter son deuxième titre à Roland-Garros.
On se disait que non, cette fois il ne reviendrait pas de deux sets à zéro. Qu'il partait de trop loin, éreinté par sa demi-finale légendaire face à Rafael Nadal vendredi. Dominé, sans solutions pendant deux sets pour prendre l'ascendant face à un Stefanos Tsitsipas impérial et sûr de sa force, Novak Djokovic avait la tête basse. Mais il a refait le coup : le Serbe a tout remonté pour finalement s'imposer, dimanche 13 juin, face au Grec en cinq sets (6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4) et remporter son 19e titre en Grand Chelem, son deuxième à Roland-Garros après 2016.
Tsitsipas conquérant d’entrée
C’est à croire que Novak Djokovic parvient à décider lui-même des scénarios de ses propres matchs. Dans une rencontre ressemblant étrangement à son huitième de finale face à Lorenzo Musetti (victoire en cinq sets après la perte des deux premiers), le Serbe a d’abord été poussé dans ses derniers retranchements avant de lentement remonter la pente, se rassurer point après point. Jusqu’à frustrer puis dégoûter son adversaire, finalement forcé à rendre les armes. Ce Djokovic-là est inoxydable, indéboulonnable, fait dans un métal différent des autres.
Encore une fois, le Serbe est revenu de tellement loin. Le mérite en revient à son adversaire. Arrivé dans le costume de l'aspirant au trône laissé vacant par Rafael Nadal et convoité par son rival, Stefanos Tsitsipas a livré une partition presque parfaite, notamment dans les deux premiers sets. Le Grec, pas un instant pris par l’enjeu d’une première finale en Grand Chelem, a pilonné le n°1 mondial avec un plan de jeu établi. Il a plus que fait douter le Serbe, qui l’avait pourtant breaké à 6-5 dans la première manche, avant de se faire immédiatement rejoindre. Au terme d’un tie-break autoritaire, le n°5 mondial a empoché la première manche (7-6) avant de doubler la mise (6-2) face à un Djokovic désabusé : dominateur dans l’échange, le Grec lisait, à ce moment-là, facilement le jeu du Serbe, notamment au filet.
Djokovic, vestiaire salvateur
Un passage express au vestiaire (comme face à Musetti), un changement de polo, et c’est un Novak Djokovic pas encore transfiguré mais transformé qui est revenu sur le court. Presque un classique, tant le Serbe est féroce quand on le croit à l’agonie. Ça n'a pas raté : le tournant du match est intervenu juste après, à 2-1 pour lui en début de troisième manche. Le Serbe, déjà plus convaincant sur le court, s’est procuré cinq balles de break pour se détacher 3-1 dans cette partie.
La suite était redoutée, presque anticipée : le Serbe a resserré son jeu et rassemblé ses idées. Stefanos Tsitsipas a tenté de résister à la tornade, mais il a fini par craquer : les gestes d’énervement, la raquette martyrisée, les cris de frustration se sont accumulés. Djokovic, qui s’en était sorti jusque-là avec sa qualité de retour et des amortis pas toujours bien sentis mais toujours bien touchés, a commencé à retrouver un coup droit qui s’était déréglé. Une fois la machine de nouveau bien huilée, le n°1 mondial a retrouvé la planète tennis où il évolue seul, comme lors du dernier set face à Rafael Nadal. Le Serbe a empoché la troisième manche en toute logique (6-3), avant de dérouler dans la quatrième (6-2).
Expérience et record
Cinquième set oblige, le public a pris parti corps et âme pour le challenger grec, alors la tête sous l’eau à son tour. Mais le Serbe, qui n’a perdu qu’une seule de ses cinq finales de Grand Chelem disputées en cinq sets (face à Andy Murray à l’US Open 2012), a utilisé son expérience au moment qui compte le plus : il a poussé l'Hellène à la faute pour le breaker à 1-1. Plus conquérant, il a parachevé sa symphonie en concluant le dernier set sur sa deuxième balle de match dans une ambiance irrespirable et après 4h11 d'un combat magnifique.
Pour sa sixième finale porte d’Auteuil, sa première en cinq sets, le Serbe soulève pour la deuxième fois la Coupe des Mousquetaires. Cinq ans après la première. Ce qui l’amène dans une sphère où il évolue désormais seul : il est l’unique joueur à avoir remporté au moins deux fois chaque tournoi du Grand Chelem, laissant derrière lui Rod Laver, Roger Federer, Rafael Nadal et André Agassi. Avec 19 titres en Majeur, il n’est plus qu’à une unité de Federer et Nadal. Ces trois-là pourraient donc, pour la première fois de l’histoire, se retrouver tous à vingt unités si le Serbe empoche un troisième Grand Chelem de suite à Wimbledon. Mais il va déjà savourer, à juste titre, celui-ci.
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