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Rugby : Saint-André prend le contre-pied des débuts de Lièvremont

Le nouveau sélectionneur des Bleus va annoncer son groupe pour le Tournoi des VI Nations. On ne s'attend pas à un chamboulement, contrairement à ce qu'avait fait son prédécesseur.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marc Lièvremont, ancien sélectionneur du XV de France (à gauche) et Philippe Saint-André, son successeur, le 21 août 2010 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). (ERIC ESTRADE / MAXPPP)

Au rugby, les sélections sont très fortement marquées la première année d'un cycle de quatre ans qui se termine normalement à la Coupe du monde. Philippe Saint-André, nouveau sélectionneur des Bleus, annoncera la composition du groupe pour son premier Tournoi des VI Nations jeudi 5 janvier (voir la liste des joueurs probables sur sport.francetv.fr). Il risque de procéder très différemment de son prédécesseur, Marc Lièvremont. 

• La première année de sélectionneur

"Du passé faisons table rase" pour Marc Lièvremont. Il avait choisi de lancer des jeunes et de pratiquer un jeu ouvert. Après un tournoi 2008 mitigé, le sélectionneur avait dû renoncer à son jeu débridé. Pas aux jeunes qu'il avait lancés : on a retrouvé en finale de la Coupe du monde 2011 les Parra, Trinh-Duc, Ouedraogo, Picamoles qu'il avait fait décoller en bleu. 

"On ne change pas une équipe qui gagne" pour Philippe Saint-André. "On sait qu'il y a des joueurs qui ont 33, 34, 35 ans qui ne seront pas là à la prochaine Coupe du monde, explique-t-il. On va essayer d'avoir une belle base et d'avoir, à dose homéopathique, des joueurs dont on pense qu'ils ont les qualités nécessaires pour être les grands de demain." Traduction : ce n'est pas demain la veille qu'on dira au revoir aux trentenaires Servat, Mas, Rougerie, Bonnaire et autres Nallet. "Je note d'ailleurs qu'aucun joueur n'a annoncé sa retraite [internationale] après la Coupe du monde", ajoutait Saint-André en décembre. Pour lui, le renouvellement doit se faire lentement, et pas en bouleversant une équipe qui a mis du temps à se trouver.

• Préparer la Coupe du monde ou gagner le tournoi ?

Marc Lièvremont avait annoncé la couleur : l'objectif, c'était la Coupe du monde 2011 et surtout le projet de jeu. Il est passé près du premier objectif, assez loin du second.

Pour Saint-André, l'objectif est avant tout de gagner le maximum de matchs. Le sélectionneur va s'atteler à bâtir une équipe pour la Coupe du monde 2015 et qui soit, si possible, capable de gagner quelques tournois des VI Nations d'ici là. Son principal objectif va être de constituer un groupe de joueurs, peut-être sous contrat avec la fédération, comme il l'a toujours suggéré, pour leur permettre de jouer plus de test-matchs en juin et en novembre, en plus du traditionnel Tournoi des VI Nations. Pour vaincre les nations de l'hémisphère Sud, il faut les jouer souvent. "Je suis pour qu'on joue l'Afrique du Sud, l'Australie... tous les ans. Pour être champion du monde, il faut être capable de jouer trois matchs consécutifs de très haut niveau tous les ans", a-t-il expliqué sur Eurosport.

• French flair is dead ?

Non, pour Marc Lièvremont, qui entame son mandat en annonçant ses envies de beau jeu et de relances à la main dans les 22 mètres. "Le rugby est le sport ludique par excellence. On peut gagner et s'amuser", avait-il déclaré à Sportweek en 2007. Le XV de France gagnera son seul trophée de son mandat, le Tournoi 2010, en jouant en contre et en exploitant au maximum les failles de l'adversaire. Tout le contraire de ce qu'il prônait deux ans plus tôt.

Peu importe pour Philippe Saint-André. Le jeu ne constitue pas une priorité, si l'on en juge par les prestations des équipes qu'il a entraînées. Sa philosophie : on prend les points, et on réfléchit aux fioritures ensuite. Surtout que d'ici à son premier match officiel, un France-Italie dans le Tournoi des VI Nations, il n'aura que très peu vu les joueurs. "En cinq ou six entraînements avant France-Italie, on ne va pas révolutionner le rugby et le jeu de l’équipe de France", confie-t-il à 20minutes.fr.

Au-delà de la différence de style, Saint-André sera surtout jugé sur ses résultats. La moustache de Lièvremont et ses tournois mitigés resteront une anecdote à côté de sa finale de Coupe du monde, la première que l'équipe de France a failli gagner.

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