"Je ressens clairement du mépris à l'égard des victimes" : au procès Mediator, Lisa témoigne après le décès de sa maman
Le tribunal correctionnel de Paris a entendu, jeudi, les victimes du Mediator. Parmi elles, Lisa, dont la mère est morte en 2004, victime d'un œdème pulmonaire à l'âge de 51 ans.
À la barre, Lisa, la fille de Pascale Saroléa, s'avance, silhouette frêle et regard vif, cheveux sombres et bouclés. Face au tribunal correctionnel de Paris, où se déroule le procès du Mediator depuis le 23 septembre, elle parle de sa mère, d'une voix calme et déterminée : "Ma mère est décédée à l'âge de 51 ans, et moi j'avais 20 ans. Cela fait dix ans que j'attends ce procès." Pascale est décédée en mars 2004, dans les bras de sa fille, victime d'un œdème pulmonaire. À l'époque, elle prenait un médicament, le Mediator, pour maigrir.
"Il n'y a pas de considération"
Après l'ouverture du procès, Lisa a décidé d'arrêter de travailler pendant six mois pour suivre les audiences. Elle a quitté la Côte-d'Azur où elle exerçait le métier d'avocate, pour s'installer à Paris. Aujourd'hui, elle ne veut rien lâcher : "Depuis l'éclatement de ce scandale sanitaire, je ressens clairement du mépris à l'égard des victimes." Selon elle, "il n'y a pas de considération. J'avais besoin d'exprimer, lors de cette audience, ma colère vis-à-vis de l'attitude de ces laboratoires qui manquent clairement de considération à l'égard des victimes quand bien même ils feignent en avoir".
On avait besoin qu'on nous entende, qu'on entende notre souffrance et ce qu'on pensait de cette affaire.
Lisa, partie civileà franceinfo
Lisa le martèle, il était hors de question pour elle de régler l'affaire à l'amiable avec les laboratoires Servier, "parce qu'on aurait dû renoncer à se constituer partie civile dans ce procès pénal". Les laboratoires Servier ont proposé 38 000 euros à la famille de Pascale Saroléa. Une "somme indécente", lâche Lisa à la barre.
"Ce que j'attends, c'est que la vérité éclate"
La vie de la famille a basculé en quelques heures, le 8 mars 2004. Frédéric, le mari de Pascale, attend ce procès depuis dix ans. "Cela s'est passé en une heure", raconte-t-il. "On appelle les pompiers, ils arrivent, font trois quarts d'heure de réanimation et finalement, à 2 heures du matin, on nous dit que c'est fini. Votre vie doit changer complètement, elle n'est plus là", se souvient-il.
Frédéric espère une condamnation : "Moi ce que j'attends, c'est que la vérité éclate, c'est qu'on dise que la responsabilité du décès de Pascale, ce sont les laboratoires Servier, qu'ils soient condamnés, et très fortement." Les audiences sont consacrées aux victimes jusqu'à la fin du mois de janvier 2020.
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