Procès du Mediator : "Le tribunal n'est pas compétent pour dire combien le Mediator a provoqué de morts" mais "pour dire le droit", prévient la juge
Neuf ans après le début du retentissant scandale sanitaire autour de ce médicament antidiabétique, également vendu comme coupe-faim, les laboratoires Servier comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour "tromperie aggravée", à partir de lundi et pendant au moins six mois.
Ce qu'il faut savoir
C'est un procès qui revêt une dimension exceptionnelle, tant par sa durée que par le nombre de victimes et de parties civiles. Le procès du Mediator s'est ouvert lundi 23 septembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, près de dix ans après le retrait du médicament des laboratoires Servier. Cet antidiabétique, également vendu comme coupe-faim, est à l'origine de graves lésions cardiaques et de centaines de morts.
Un procès-fleuve. L'audience se tiendra quatre après-midi par semaine, puis quatre journées entières par semaine à partir de la fin mars, hors vacations judiciaires. Soit 110 audiences jusqu'à fin avril 2020, car le procès est prévu pour durer entre six et sept mois.
Une vingtaine de prévenus. Les laboratoires Servier et une galaxie de sociétés, des ex-dirigeants, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), des médecins, une ex-sénatrice... Onze personnes morales et douze personnes physiques sont jugées. Le groupe Servier répondra devant le tribunal correctionnel de Paris de diverses infractions, notamment de "tromperie aggravée" et d'"homicides et blessures involontaires", mais aussi d'"escroquerie" au préjudice de la Sécurité sociale et des mutuelles.
"Des erreurs ont été commises." "Le temps du procès, c'est aussi le temps d'un message, une forme d'excuses, de regrets", a reconnu Jacques-Antoine Robert, l'un des avocats des laboratoires Servier, sur franceinfo. "L'instruction a été menée à charge", analyse-t-il néanmoins. Par ailleurs, l'un des avocats des laboratoires Servier entend poser la question, lors de cette première semaine de procès, de "la prescription sur une partie du dossier".
Au moins 500 morts. Le Mediator aurait causé la mort d'au moins cinq cents personnes, selon une étude de la Caisse nationale de l'Assurance-maladie révélée en 2010. Cette estimation atteint 2 100 morts, selon différentes expertises judiciaires réalisées plus tard. Avant l'ouverture du procès, sur 4 981 victimes recensées, 2 684 se sont constituées partie civile, parmi lesquelles cent caisses de Sécurité sociale. Ce nombre de parties civiles est susceptible d'évoluer tout au long du procès, jusqu'aux réquisitions du parquet.