Démission de membres du comité Nobel suite au scandale Macchiarini
Harriet Wallberg, ancienne doyenne de l'Institut Karolinska (KI), et son successeur Anders Hamsten comptaient parmi les cinquante membres de l'assemblée Nobel qui valide les choix de lauréats proposés par les cinq membres d'un comité idoine. Ils sont impliqués dans le scandale des opérations du chirurgien italien Paolo Macchiarini, qui a entraîné la mort de deux patients.
"La crise de confiance est telle [...] que nous allons leur demander de quitter l'assemblée Nobel", a expliqué ce 6 septembre le secrétaire de cette assemblée, Thomas Perlmann, à l'agence de presse suédoise TT.
Harriet Wallberg était la doyenne de l'Institut Karolinska au moment du recrutement du Dr Macchiarini, une embauche aujourd'hui perçue comme ayant résulté d'une grave erreur de jugement. Anders Hamsten paie quant à lui une réaction jugée trop tardive, n'ayant pas mesuré l'ampleur du scandale.
L’inquiétant docteur Macchiarini
L'Italien, professeur invité, célèbre pour avoir réalisé en 2011 la première greffe d'une trachée-artère artificielle recouverte de cellules souches, avait réalisé trois opérations à Stockholm.
Deux des trois patients opérés sont morts et le troisième a dû recevoir des soins pendant plusieurs années.
Plusieurs enquêtes, au sein de KI et dans la presse, ont révélé que ses pratiques ne respectaient pas des règles médicales et éthiques fondamentales. Il est par ailleurs visé par une enquête de la police suédoise pour homicide involontaire. Il encourt jusqu'à six ans de prison.
Le médecin est également soupçonné d'avoir menti sur ses travaux de recherche en certifiant avoir réalisé des essais sur des animaux avant de greffer des humains.
Un CV truqué ?
On lui reproche en outre de n'avoir pas dit la vérité sur ses diplômes et ses titres de gloire passés. "Paolo Macchiarini a fourni des renseignements incorrects ou trompeurs dans ses CV", souligne l'institut de recherches.
Depuis, l’Institut Karolinska ne cesse de prendre ses distances avec le "dottore Macchiarini", qualifié par le directeur de son conseil d'administration, Lars Leijonborg – démissionnaire lui aussi, de "mythomane charmant".
Le sulfureux docteur avait été licencié le 23 mars, conséquence de cette affaire décrite dans le journal de médecine suédois comme un "Tchernobyl éthique" aux effets désastreux pour la communauté scientifique en Suède.
M. Perlmann assure que ni Mme Wallberg ni M. Hamsten, qui ne peuvent – en vertu des statuts de l'assemblée Nobel – en être renvoyés, n'ont participé aux travaux en vue de l'attribution du prix Nobel de physiologie ou de médecine 2016. Le(s) nom(s) du ou des lauréats doi(ven)t d'ailleurs être annoncé(s) dans moins d'un mois, le 3 octobre.
avec AFP
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