Nouvelle offre pour Doux, les syndicats sceptiques
"Qui du salarié ou du poulet sera plumé le premier ? " Les salariés posaient la question ce matin devant les locaux du siège Doux, recouvert de drapeaux syndicaux. Un comité central d'entreprise (CCE) a commencé jeudi à 9h30, pendant lequel le patron du groupe devait présenter son "plan de continuation".
Le plan de Charles Doux prévoit de céder 80% à Barclays
L'information avait
filtré hier soir, de sources syndicales. Charles Doux préfèrerait devenir minoritaire que de perdre son entreprise, il céderait donc la majorité du groupe à Barclays. La banque convertirait une partie des 140 millions d'euros que Doux lui doit en parts de capital à hauteur de 80%. La famille Doux, qui possède actuellement 80% des parts, n'en détiendrait plus que 16%, et BNP Paribas, qui en détenait 20%, n'en garderait que 4%, selon Nadine Hourmant, déléguée de Force Ouvrière (FO).
Un apport de 28 millions d'euros permettrait
d'assurer le fonctionnement du groupe durant la période d'observation
prévue jusqu'au 31 décembre. Barclays participerait pour 10 millions
d'euros à cet apport et le groupe saoudien Al Munajem, un des principaux
importateurs des poulets Doux au Moyen-Orient, contribuerait à hauteur
de 15 millions d'euros et prendrait 10% du capital.
Selon la direction du groupe, ce plan permettrait de sauver 3.190 emplois sur un total de 4.195 dont 711 en contrat à durée déterminée (CDD), principalement dans les pôles poulet export et produits élaborés, une partie de l'activité de l'usine de Pleucadeuc (Morbihan) étant conservée.
En face : l'offre du consortium Sofiprotéol
La principale offre
de reprise concurrente est celle du consortium d'une dizaine
d'entreprises de l'agroalimentaire menées par Sofiprotéol. Elle
permettrait de préserver 2.707 emplois auxquels s'ajouteraient 371
propositions de reclassements dans les différentes entreprises du
consortium.
Parmi ces entreprises, se mettraient notamment en place des "synergies" entre LDC, Duc, Terrena et Glon-Sanders, filiale de Sofiprotéol, pour reprendre les pôles frais et les produits élaborés et l'usine Père Dodu de Quimper. La société Tilly-Sabco prendrait quant à elle en charge le pôle poulet export mais les sites de Pleucadeuc et Graincourt ne seraient pas repris.
Ce consortium a également annoncé jeudi dans un communiqué qu'il voulait "privilégier les
relations avec les transporteurs du groupe ", au lendemain de leur arrêt
de travail.
Les syndicats sceptiques sur l'offre de leur patron
Les salariés ne semblent pas faire confiance à l'offre de Charles Doux, notamment car elle permettrait à Barclays de récupérer ses créances, que la banque perdrait par contre si l'offre de Sofiprotéol était choisie. "La banque Barclays n'est là que pour récupérer ses créances. Mais quelle confiance peut-on leur accorder ? ", interroge Nadine Hourmant. Les syndicats sont également réticents à suivre leur PDG, qui est pour eux à l'origine de la situation catastrophique du groupe. Qui plus est, en mai dernier, Charles Doux avant refusé de négocier avec Barclays.
"Au niveau de la délégation FO, nous avons déjà pris une position en faveur du consortium. Il y a trop d'inconnues au niveau (du plan de continuité) du groupe Doux. (...) Mais les délais ne sont pas raisonnables: on a à se positionner, soit pour Doux, soit pour le consortium, et demain, on est au tribunal. Les délais sont un peu rapides ", déclarait la déléguée centrale syndicale, Nadine Hourmant, à la sortie de la réunion.
Vendredi le tribunal de commerce de Quimper doit examiner la quinzaine d'offres de reprise du groupe, et devrait mettre sa décision en délibéré.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.