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Reportage Prix de l'alimentaire : entre industriels et distributeurs, c'est "très, très tendu", à quelques heures de la fin des négociations

Les uns demandent à pouvoir répercuter la hausse des coûts de production sur les prix, les autres veulent limiter la flambée du tarif des produits vendus en grande surface. Exemple avec la filière laitière dont les principaux acteurs sont réunis au Salon de l'agriculture.
Article rédigé par franceinfo - Valentin Houinato
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Des bouteilles de lait dans le rayon d'un supermarché de Bordeaux, en décembre 2022. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Quel sera le prix de nos courses au mois de mars ? C'est tout l'enjeu des négociations commerciales entre distributeurs et industriels qui doivent s'achever d'ici moins de 48 heures. Les deux parties ont jusqu’à mercredi 1er mars à minuit pour s’accorder sur les tarifs des produits vendus en supermarché dans un contexte de forte inflation. Et pendant que les négociateurs s'activent en coulisses, chaque camp défend ses couleurs sur la scène du Salon de l'agriculture, qui se tient du 25 février au 5 mars.

La hausse du coût de l'énergie "est partout"

À l'image des Fermiers de Loué, les éleveurs de volailles, sont confrontés à une hausse des coûts de production. Celui de l'œuf, par exemple, a augmenté de 40% en un an. Cela s'explique d'abord par la  hausse du prix des céréales depuis le début de la guerre en Ukraine, détaille Yves de la Fouchardière, le directeur, mais aussi par la hausse du coût de l'énergie : "On a des nouveaux contrats qui sont plus chers, chauffer des poussins, c'est de l'énergie. Refroidir un camion qui transporte des œufs, c'est de l'énergie. L'énergie, elle est partout."

"Du côté des éleveurs, ne pas répercuter des prix quand vous avez entre 1 et 2 % de marge, de toute façon, c'est disparaître."

Yves de la Fouchardière, directeur des Fermiers de Loué

à franceinfo

La seule solution, selon les éleveurs, c'est de répercuter ces hausses sur les prix proposés aux grandes surfaces qui achètent leurs produits, Auchan, Leclerc ou encore Carrefour. Mais certains distributeurs accusent, eux, les fournisseurs de vouloir pousser les prix le plus haut possible. C’est le cas du groupe Lactalis qui demande aux grandes surfaces d’accepter une hausse du prix d’achat de + 9 à + 15%. 

"Ces accusations sont totalement inacceptables, réagit Christophe Piednoël, directeur général de la communication de Lactalis. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'Inspection générale des finances qui a fait un rapport et qui a écrit noir sur blanc que les industries de l'agroalimentaire répercutaient les charges qui étaient réelles."

"Il y a deux ans, c'était 300 millions d'euros, notre facture énergétique. Cette année, ça va être 1,100 milliard d'euros."

Christophe Piednoël, directeur de la communication de Lactalis

à franceinfo

"On a fait fois quatre sur l'énergie, on a fait fois six sur certains postes de l'emballage, poursuit-il. Et surtout, le poste qui a le plus augmenté, c'est le lait. Donc c'est tous ces coûts-là aujourd'hui qu'on est en train de négocier avec la grande distribution."

Une hausse de 10% en moyenne en rayon

Cette année, les négociations sont particulièrement ardues entre les industriels et les grandes surfaces, ajoute Christophe Piednoël : "Les négociations sont très, très tendues. Pour vous donner un exemple, chez Lactalis, nous avons cinq grands distributeurs et à quelques heures de la fin de la clôture, on en a signé que deux." Dans le cas où les négociations n’aboutiraient pas, il faudrait alors passer par un médiateur. Du jamais vu, selon le directeur de la communication de Lactalis qui assure quand même que l’objectif reste bien sûr de trouver un accord.

Pour les consommateurs, cette prise en compte de la hausse des coûts de production conduirait à une augmentation moyenne de 10% sur les prix des denrées alimentaires au mois de mars, selon plusieurs experts. L’augmentation des prix pourraient même continuer jusqu’à l’été.

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