Des chiens pour dépister des tumeurs du sein
Jeune infirmière à l’Institut Curie, Isabelle Fromantin réalisait les pansements de patientes opérées d’une tumeur du sein. L’odeur particulière des plaies opérées l’intrigua au point d’y consacrer une thèse.
"On s’est demandé pourquoi ces plaies sentaient mauvais", nous explique Isabelle Fromantin. "Nous avons étudié avec des chimistes les composés volatils odorants – les COV – qui émanent de ces tumeurs et on a essayé de déterminer ce qui produit ces odeurs. Sur les tumeurs, les chimistes ont identifié des composés spécifiques mais indétectables par un nez artificiel".
De ce constat est née l'idée d’initier le projet KDOG, qu’elle dirige aujourd’hui. Objectif : utiliser le flair des chiens, animaux déjà mobilisés dans d’autres projets de dépistage du cancer – notamment ceux de la prostate. Un projet qui se fonde sur deux hypothèses, et donc un double pari : premièrement, l’hypothèse, que les composés responsables de l’odeur arrivent sur la peau même sans plaie. Ensuite, que ces COV puissent y être captés par une compresse que seuls les chiens pourraient sentir.
La compresse est apposée durant une nuit sur la poitrine des femmes volontaires (préalablement lavée avec un savon liquide neutre), et maintenue en place par leur soutien-gorge. La compresse est ensuite déposée dans un bocal, qui est envoyé sur un site du Limousin où ont spécialement été dressés deux chiens.
"On a demandé aux chiens de sentir des échantillons [mis] en contact avec le sein de patientes malades ou de volontaires sains. Sur 31 échantillons ils ont réussi à reconnaître, au bout de deux passages tous les échantillons positifs, c’est-à-dire 100%". Le taux de faux positif (patients sains désignés comme malades par erreur par les chiens) ne nous a pas été précisé.
Ces tout premiers résultats sont très encourageants pour la mise au point d’une nouvelle méthode de dépistage du cancer du sein. Ils doivent être confirmés par une étude incluant cette fois 1.000 patientes au moment d’une mammographie, afin d’être plus proche des conditions de dépistage. Les chercheurs s’intéressent notamment aux conditions favorisant le transfert des COV sur la compresse, et se demandent si l’éventuel stress des patientes peut ou non influer sur les résultats de l’expérience.
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