Les huîtres : une piste prometteuse contre le cancer
C'est à quelques kilomètres de Brest que pourrait être découverte une nouvelle stratégie de lutte contre le cancer grâce à des huîtres. Une piste assez sérieuse pour que la Fondation ARC finance la poursuite de ces recherches avec le concours d'équipes spécialisées dans l'étude des cellules cancéreuses.
Charlotte Corporeau est biochimiste et chercheuse à l'Ifremer. Elle a commencé des travaux en santé humaine. Et en étudiant les huîtres, elle a retrouvé un mécanisme de survie bien connu dans les cellules cancéreuses : l'effet Warburg. "L'effet Warburg est un mode de fonctionnement des cellules qui leur permet d'avoir un peu d'énergie et surtout d'avoir des blocs de construction pour produire des nouvelles cellules alors que l'environnement n'est pas agréable, confortable. Autrement dit, c'est un mode de fonctionnement de cellules très résistantes alors que l'environnement n'est pas du tout favorable à la croissance cellulaire", explique la biochimiste.
Et si les huîtres permettaient de soigner le cancer ?
Lorsqu'elle a fait cette découverte en bord de mer, Charlotte Corporeau a tout de suite contacté des équipes de recherche contre le cancer qui essaient depuis des années de lutter contre cette résistance des cellules malades. Les deux équipes partagent désormais l'espoir de mettre fin à l'immortalité des cellules cancéreuses. Car chez les huîtres, le mode survie Warburg n'est pas permanent : "On recherche où et quand l'huître arrive à activer ou désactiver ce mécanisme que l'on reconnaît dans les cellules cancéreuses", annonce Charlotte Corporeau.
Et pour trouver ce qui fait passer l'huître d'un fonctionnement à l'autre, les chercheurs en ont placé trois groupes dans des conditions très différentes : différences de température, d'oxygène, de salinité et même d'état nutritionnel. Pour l'instant, les chercheurs contrôlent seulement les différences de croissance des huîtres selon leur localisation. Ils feront ensuite des prélèvements pour analyser chimiquement au laboratoire leur activité cellulaire.
"On espère ainsi pouvoir trouver quelque chose qui interrompe, qui serve d'interrupteur pour pouvoir moduler le métabolisme énergétique dans la cellule cancéreuse, en mimant ce qui se passe chez l'huître", ambitionne Catherine Brenner, biologiste spécialisée en oncologie. Avec encore une autre piste de recherche qui pourrait être fatale aux cellules cancéreuses. Car à l'origine de cette étonnante aventure, il y a en fait l'étude de l'effet d'un nouveau virus sur les huîtres par l'équipe d'Ifremer. Un virus capable de tuer des cellules dans un état Warburg. L'équipe va donc aussi étudier le mode d'action de ce virus pour trouver une façon de contourner les mécanismes de défense des tumeurs et les détruire.
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