50 ans de la loi Neuwirth : "L'accessibilité à la contraception est toujours un combat"
Un demi-siècle après la promulgation de la loi autorisant l'accès à la contraception sur prescription médicale, Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial, souligne des manques concernant le remboursement et la répartition des "lieux ressources" sur le territoire.
La loi autorisant l'accès à la contraception sur prescription médicale a 50 ans. La loi Neuwirth, du nom du député Lucien Neuwirth, a été définitivement promulguée le 28 décembre 1967. Mais aujourd'hui encore, "l'accessibilité à la contraception est toujours un combat", a estimé jeudi sur franceinfo Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial.
franceinfo : Lucien Neuwirth avait été surnommé le "fossoyeur de la France" il y a 50 ans. Aujourd'hui les choses ont changé, mais est-ce toujours un combat d'avoir accès à la contraception ?
Véronique Séhier : Le fait qu'on puisse avoir accès à une contraception est entré dans les moeurs, mais l'accessibilité à la contraception est toujours un combat. Le fait que des femmes doivent faire des kilomètres pour avoir accès à une contraception est inacceptable. Il faut que les "lieux ressources" soient mieux répartis sur le territoire. Le deuxième point c'est l'accès à l'information. Depuis 2015, il existe un numéro vert national gratuit : le 0 800 081 111. Mais c'est encore quelque chose qu'il faut développer en termes d'accessibilité. Il y a aussi la question du remboursement de toutes les contraceptions, parce que ce qui est primordial aujourd'hui, c'est que les femmes aient le choix de la contraception qu'elles veulent. Mais la contraception n'est pas qu'une affaire de femmes.
Il faudrait permettre à tous les jeunes d'avoir accès à la contraception. Les préservatifs ne sont pas gratuits et c'est la première contraception des jeunes.
Véronique Sehierfranceinfo
Il y a de moins en moins de gynécologues en France. Quel est l'impact sur l'accès à la contraception pour les femmes ?
Il y a effectivement eu une baisse importante du nombre de gynécologues médicaux. Je pense que ce n'est pas vrai pour les gynécologues obstétriciens. Depuis, la loi permet aux sages-femmes de prendre en charge la contraception et les médecins généralistes devraient pouvoir l'assurer. Certains le font très bien et sont formés pour cela, mais les questions d'avortement et de contraception prennent peu de place dans la formation actuelle des professionnels de santé. Il y a aussi la nécessité de multiplier les ressources comme les centres de planification, très fréquentés par les jeunes. Ils sont mis en place grâce aux départements et cela dépend de leur politique d'un territoire à l'autre.
Cela dépend-t-il du financement des départements ?
Tout à fait, c'est une politique qui dépend de la Protection maternelle et infantile. Des départements ont beaucoup développé les centres de planification, d'autres ont trouvé que ce n'était pas prioritaire. Ces centres reçoivent beaucoup de jeunes de façon anonyme et confidentielle, parce que la contraception est gratuite pour les mineurs. C'est une conséquence de la loi Neuwirth. Il avait fait voter l'accès à la contraception mais aussi l'accès à l'information. L'éducation à la sexualité en faisait partie.
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