"Sept mois après, je n'ai plus de cancer" : l'immunothérapie intratumorale, un traitement prometteur
Les cancérologues stimulent le système immunitaire des malades pour que leur corps s'attaque à la tumeur cancéreuse. Cette technique ne fonctionne pas sur tous les patients, mais a régulièrement des résultats spectaculaires.
À 49 ans, Fabien, professeur d'éducation physique et sportive, a un physique imposant de handballeur. Soigné pour un mélanome il y a quelques années, il a eu l'été dernier une rechute, une sacrée rechute. "Au mois de juillet, j’ai commencé à avoir un ganglion sous les aisselles, se souvient Fabien. Après, j’en ai eu un dans la gorge. Et puis, au fur et à mesure, j’en avais trois, quatre, cinq, six… J’en avais un sur le sein, un dans le dos, j’en avais aussi dans les poumons, dans le foie je crois. J’en avais un peu partout."
Une vingtaine de tumeurs, un cancer métastasé, le diagnostic est quasiment sans appel. "J’ai vu un médecin de ville, raconte Fabien. Quand elle me l’a annoncé, elle s’est mise à pleurer. Elle était triste pour moi. Je pense qu’elle me voyait mort quoi, rapidement." La chance de Fabien, c'est d'avoir bénéficié dans la foulée d'une immunothérapie intratumorale, testée à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif. Par ce traitement, les médecins renforcent les cellules immunitaires des malades afin que leur corps s'attaque lui-même à la tumeur cancéreuse. Cette technique ne fonctionne pas sur tous les malades, mais elle a souvent des résultats exceptionnels. Et d'autant plus quand on l'injecte directement dans les tumeurs.
Par réaction en chaîne, les autres tumeurs ont disparu
L'immunothérapie, d'habitude administrée dans le bras par intraveineuse, est, dans le cas de Fabien, administrée directement dans l'une de ses tumeurs, dans son poumon. "Ils m’ont endormi la zone, et le médecin qui m’a enfoncé une piqûre assez grosse, longue, il m’a injecté des petites doses à plein d’endroits sur cette tumeur-là", détaille Fabien.
"Localement, dans la tumeur, on aura plus de médicament que si on l’administre par voie intraveineuse, explique Aurélien Marabelle, oncologue à l'institut Gustave Roussy. On va stimuler la défense immunitaire là où elle doit être stimulée, dans la tumeur, et on va par ce biais-là, essayer de diminuer la toxicité par une administration du médicament par voie intraveineuse par exemple, qui exposerait toutes les cellules d’organisme à ce médicament."
Cette technique est plus efficace, et produit moins d'effets secondaires. "En tous cas c’est efficace pour moi parce que maintenant je suis en 'réponse totale', ça veut dire que, semble-t-il, je n'ai plus de tumeur, sept mois après, je n'ai plus de cancer", résume Fabien. Par réaction en chaîne, ses autres tumeurs ont disparu. Il dit "toucher du bois". Quant au médecin qui lui avait annoncé le sombre diagnostic en pleurant, Fabien lui a depuis offert des fleurs.
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