Téléconsultations : polémique autour d'un abonnement proposé par le groupe Ramsay
C'est une publicité qui n'en finit plus de choquer les médecins. Depuis quelques jours, l'entreprise australienne Ramsay, premier groupe de cliniques privées en France, propose sur son site internet un abonnement : 11,99€ par mois pour des téléconsultations de médecins, accessibles 24h/24 et 7 jours sur 7.
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Face à la levée de bouclier de l'Ordre des médecins et de différents associations qui dénoncent un "Netflix de la santé", Ramsay a dû se fendre d'une mise au point, précisant que cet abonnement répond d'abord à un besoin de la population française, celle qui ne parvient pas à obtenir un rendez-vous chez son médecin, et qui a parfois besoin juste qu'un docteur réponde à ses questions, à toute heure, mais sans forcément que ce soit une urgence.
"Une fausse bonne solution"
"Nous attendons des réponses", affirme jeudi 15 juin sur franceinfo le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Pour le vice-président du Conseil, cette plateforme pourrait aussi entrer en concurrence avec le service d'accès aux soins (SAS), qui doit se généraliser d'ici la fin de l'année en France et permet à des Français sans médecin traitant, ou parce que les délais sont trop longs, d'avoir accès à des consultations à distance.
"Est-il logique de soustraire des médecins, alors qu'on en a tant besoin ailleurs ?"
Jean-Marcel Mourguesà franceinfo
"Il faut voir le modèle économique" de ce service proposé par Ramsay Santé, explique Jean-Marcel Mourgues, "c'est pour ça que l'on a demandé au ministre de la Santé de diligenter une enquête". Le vice-président du Conseil national de l'Ordre des médecins assure que "ce n'est pas dire que la télémédecine n'a pas de place", mais dénonce "une fausse bonne solution".
Des mutuelles proposent déjà ce service
"Nous avons besoin de revenir aux fondamentaux", explique Jean-Marcel Mourgues : "la solidarité" et "pas de discriminations liées à l'argent" pour ne pas accentuer une "médecine à deux vitesses" qui "est déjà là", selon lui. "Est-ce que [ce service] répond au principe de solidarité, de gratuité d'accès au soin ? Nous n'avons pas de réponse".
Pourtant, rétorque Ramsay, cette offre de téléconsultation n'est pas nouvelle : l'Australien, leader de l'hospitalisation privée en France, l'a mise en place il y a un an déjà, assurant dans un communiqué que son offre vise à proposer "des solutions innovantes" aux difficultés d'accès au soin et qu'elle ne se "substitue pas à un suivi par un médecin traitant". Enfin, de nombreuses mutuelles proposent, elles aussi, depuis plusieurs années des offres de téléconsultation à leurs adhérents similaires, sans que cela n'ait jusqu'ici soulevé de forte opposition.
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