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Inde, Etats-Unis... Trois questions sur les récentes interdictions de cigarettes électroniques dans plusieurs pays

New Delhi vient d'annoncer l'interdiction de la production, de l'import, de l'export, du transport, du stockage et de la vente de ces appareils.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des cigarettes électroniques exposées dans un magasin de New Dehli (Inde), le 18 septembre 2019.  (PRAKASH SINGH / AFP)

Le vapotage fait tousser les autorités de plusieurs pays. Après les Etats américains du Michigan et de New York, qui ont banni les cigarettes électroniques aromatisées, l'Inde a annoncé, mercredi 18 septembre, l'interdiction de la production, de l'import, de l'export, du transport, du stockage et de la vente de cigarettes électroniques.

Avec cette décision, le deuxième pays le plus peuplé du monde (1,3 milliard d'habitants) se joint à une tendance de durcissement réglementaire mondial contre le vapotage. Mais pourquoi ce choix ? Les cigarettes électroniques sont-elles vraiment nocives ? Eléments de réponse. 

Pourquoi certains pays l'interdisent ? 

"La décision a été prise avec, à l'esprit, l'impact que les cigarettes électroniques ont sur la jeunesse aujourd'hui", a déclaré la ministre des Finances indienne, mettant en avant des impératifs sanitaires et de lutte contre les addictions. "C'est devenu très à la mode de les essayer, de les utiliser", a-t-elle ajouté. Cette mesure aidera à "améliorer la politique de contrôle du tabac" et "à promouvoir la santé publique en général", avance le gouvernement sur Twitter.

Le bannissement des cigarettes électroniques en Inde survient au lendemain d'une interdiction de l'Etat américain de New York de commercialiser des cigarettes électroniques aromatisées, dans le viseur des autorités sanitaires aux Etats-Unis"Nous prenons une mesure de santé publique et contribuons à empêcher un nombre incalculable de jeunes gens de contracter une accoutumance à vie, coûteuse, mauvaise pour la santé et potentiellement mortelle", a déclaré le gouverneur Andrew Cuomo. Selon les chiffres du département de la Santé de l'Etat de New York, près de 40% des élèves de terminale vapotent. Un rapport de la FDAl’agence de l’alimentation et des médicaments américaine, publié en juin dernier, montre qu'entre 2017 et 2018, l’utilisation de cigarettes électroniques par les jeunes a explosé aux Etats-Unis. Elle est passée de 12% à 21%.

En dehors du problème de l'accoutumance à la nicotine, les autorités américaines ont été poussées à agir par ce qui s'apparente désormais à une crise sanitaire. Plus de 380 personnes sont tombées malades après avoir vapoté. Six sont mortes de maladies pulmonaires aigües, selon les derniers chiffres du Centre de contrôle des maladies (CDC). Les causes de ces maladies pulmonaires n'ont, toutefois, pas encore été formellement identifiées. Mais il pourrait s'agir d'une substance présente dans l'huile de THC, la molécule active du cannabis. 

Que dit l'Organisation mondiale de la santé ?

Les cigarettes électroniques sont "incontestablement nocives" et devront être régulées, indique l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un rapport datant de juillet. Elle déconseille ces dispositifs à ceux qui veulent arrêter de fumer et met aussi en garde contre la "menace actuelle et réelle" que représente la désinformation véhiculée par l'industrie du tabac sur les vapoteuses.

Bien que ces dispositifs exposent l'utilisateur à moins de substances toxiques que les cigarettes "classiques", elles présentent aussi des "risques pour la santé", assure l'OMS. Toutefois, dans le même temps, l'organisme reconnaît que les preuves disponibles sur la nocivité des cigarettes électroniques "ne sont pas concluantes".

"Dans la plupart des pays où elles sont disponibles, les utilisateurs [de cigarettes électroniques] continuent en général de fumer des cigarettes combustibles en même temps, ce qui présente très peu, voire aucun impact positif" sur la réduction des risques sanitaires, précise par ailleurs le rapport.

Quelle est la position de la France ? 

"A ce jour, en France, aucun signalement de cas similaires à ceux décrits par les CDC américains en lien avec l'utilisation de e-cigarettes n'est parvenu aux réseaux de toxico et d'addicto-vigilance", explique le ministère de la Santé à franceinfo. Pour autant, les autorités sanitaires ont décidé de renforcer la vigilance. Santé publique France, en lien avec les sociétés savantes de pneumologie et d’anesthésie-réanimation, élabore actuellement un outil de recueil standardisé des cas suspects d'intoxication à la cigarette électronique, précise le ministère.

Les liquides de vapotage sont plus strictement contrôlés en France qu'aux Etats-Unis. "La réglementation suit une directive européenne qui impose aux fabricants et aux importateurs de déclarer leurs produits. En France, ils le font auprès de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses), six mois avant la commercialisation. Les fabricants doivent transmettre la composition, les émissions, les données toxicologiques de leurs ingrédients", a ainsi expliqué la journaliste Frédérique Prabonnaud sur France 2. Aussi, certains additifs qui peuvent se retrouver dans les liquides pour cigarette électronique, dont les vitamines, sont interdits en France, rappelle le ministère de la Santé à franceinfo. 

Au niveau des professionnels de santé, les avis se rejoignent : la meilleure cigarette est celle qu'on ne fume pas. Certains y voient toutefois un moyen d'aider les fumeurs à arrêter la cigarette. Selon une étude de Santé publique France publiée le 26 juin, entre 2010 et 2017, 700 000 Français ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique. Interrogé par Europe 1, le pneumologue et tabacologue Bertrand Dautzenberg estime que si "la cigarette électronique n'est pas un produit anodin, c'est un moindre mal par rapport à la cigarette." Pour lui, le problème est surout produits que l'on y ajoute, comme ceux mis en cause aux Etats-Unis.

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