La cigarette électronique n'est-elle qu'un phénomène de mode ?
La cigarette électronique ne fait plus un tabac. En France, en 2016, 3,3% des 15-75 ans utilisaient l'e-cigarette, dont 2,5 chaque jour, contre respectivement 5,9% et 2,9% en 2014. Ces chiffres sont issus du Baromètre santé 2016, publiée par Santé Publique France. Elle constate aussi que "la prévalence d’usage quotidien parmi les 15-24 ans diminue, ce qui peut être interprété comme un phénomène de mode qui a tendance à s’estomper chez les plus jeunes."
Mais pour ce le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière (AP-HP), la cigarette électronique n’est pour autant pas à bout de souffle car entre vapoter et fumer, les fumeurs semblent de moins en moins hésiter. "Dans l’enquête de 2014, la grande majorité des utilisateurs étaient des gens qui fumaient et vapotaient à la fois, et quand on fume et que l’on vapote à la fois, ça ne marche pas, le plus souvent on retourne au tabac. Maintenant on a des vapoteurs qui sont en grande majorité des vapoteurs exclusifs, ça n'a rien à voir", affirme-t-il.
Pour le professeur Dautzenberg, la cigarette électronique concurrence le tabac tout en étant nettement moins toxique. Chez les 12-15 ans - qui n’ont pas été sondés par Santé Publique France - elle permettrait même d'éviter d'allumer la première cigarette.
Pour les fumeurs de longue date, il s'agit surtout d'un outil de sevrage supplémentaire.
"La plupart de patients que je vois en consultation utilisent à la fois des patchs nicotiniques et la cigarette électronique, ils utilisent la cigarette électronique comme substitut nicotinique oral, même si ça n’en a pas le statut. Mais l’association des deux est très efficace", explique le spécialiste. "Et il n’y a pas photo : aucune étude ne montre qu’il y a pour la cigarette électronique une toxicité qui s’approche de celle de la fumée de tabac", ajoute-t-il.
L’enquête de Santé publique France ne précise pas combien de fumeurs ont écrasé leur dernier mégot grâce à la cigarette électronique. D’autres études devraient être lancées pour mesurer son réel impact. En attendant, toutes les associations de lutte contre le tabac rappellent que le meilleur moyen pour faire baisser le nombre de fumeurs reste une forte augmentation des prix.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.