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Remboursement de patchs anti-tabac : "Cela peut aider à sortir de la dépendance sans souffrir du manque"

Le Dr Marion Adler, tabacologue à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart, réagit sur franceinfo au remboursement, en vigueur depuis dimanche, des patchs anti-tabac NicoretteSkin à 65% par la Sécurité sociale.

Article rédigé par franceinfo
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Fumer coûte en moyenne 250 euros par mois. (JEAN FRAN?OIS OTTONELLO / MAXPPP)

À partir de dimanche 20 mai, les patchs anti-tabac NicoretteSkin sont remboursés à 65% par la Sécurité sociale, une mesure prévue dans le plan présenté par la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour lutter contre le tabagisme. "La dépendance au tabac est une maladie chronique et rembourser des traitements efficaces peut aider à sortir de la dépendance sans souffrir du manque", a estimé, dimanche sur franceinfo, le Docteur Marion Adler, tabacologue à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart.

franceinfo. Fumer coûte cher, mais combien ça coûte d'arrêter de fumer ?

Dr Marion Adler. La boîte de patchs pour un mois coûte entre 30 et 40 euros dans les pharmacies raisonnables. Fumer coûte en moyenne 250 euros par mois. Le traitement doit être à la portée des gens. Il faut pouvoir associer les gommes, qui pour certaines sont également désormais remboursées, et les autres traitements à l'arrêt du tabac - les traitements médicamenteux, qui sont aussi remboursés en partie maintenant. Cela permet aux gens qui sont dans des états de précarité de ne pas avoir à débourser pour ce traitement qui leur permettra de s'en sortir. Vous savez, quand on est dépendant de la cigarette, on va peut-être se passer de manger de la viande, ou du poisson, ou de donner ce qu'il faut à ses enfants, parce qu'on a besoin d'acheter tous les jours ses cigarettes. Donc c'est important que le traitement soit à portée de main de tout le monde.

Le prix était-il un frein à l'accès au traitement ?

Pour certaines personnes, le fait de devoir payer le traitement était un frein. Et puis ce n'était pas un message très positif pour les aider à sortir de leur dépendance. Si les traitements sont pris en charge, c'est aussi une manière d'expliquer aux gens que les pouvoirs publics font l'effort qu'il faut pour les accompagner jusqu'au bout à s'en sortir.

Que pensez-vous de l'efficacité de ces patchs ? Y a-t-il des effets indésirables ?

Beaucoup d'études scientifiques ont démontré l'efficacité de ces patchs. L'association des patchs avec des formes orales de nicotine, comme les gommes et les pastilles, l'inhaleur et le spray buccal, aide encore plus à l'arrêt du tabac. Il faut que chacun ait un traitement adapté qui corresponde à sa personnalité et à ses besoins. Le but, c'est que les gens ne souffrent pas du manque. Dans les patchs, il n'y a que de la nicotine. C'est une substance extrêmement addictive mais c'est la seule qui n'est pas toxique dans la fumée de cigarette. Elle n'a pas de toxicité en soi, ni pour le coeur, ni pour les poumons, elle n'est pas cancérigène non plus. C'est ce qu'il y a dans la fumée de tabac qui est nocif. Si on prend une surdose de nicotine, ce n'est pas très grave, c'est comme quand on fume trop dans une soirée : on peut avoir la bouche pâteuse, ressentir des nausées et des maux de tête.

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