Kiné respiratoire pour soigner la bronchiolite : les anciennes techniques "trop agressives et violentes sont contre-indiquées"
Le chef du service de pédiatrie au CHU de Rouen rappelle sur franceinfo qu'il faut "commencer déjà par bien laver le nez", "un geste simple qui doit être remis au goût du jour", alors que la bronchiolite touche 30% des enfants de moins de 2 ans.
Les anciennes techniques pour soigner la bronchiolite, avec la kiné respiratoire, sont "trop agressives et violentes" et "sont contre-indiquées strictement", a expliqué sur franceinfo jeudi 14 novembre le Dr Christophe Marguet, qui a participé à la commission de travail de la Haute autorité de santé qui a jugé mercredi cette technique déconseillée. Les études montrent que "la kinésithérapie ne modifiait pas la durée d'hospitalisation" des enfants qui souffrent de cette maladie respiratoire. Le chef du service de pédiatrie au CHU de Rouen rappelle qu'il faut "commencer déjà par bien laver le nez", "un geste simple qui doit être remis au goût du jour", alors que cette maladie touche 30% des enfants de moins de 2 ans.
franceinfo. Vous ne recommandez plus la kiné respiratoire, pourquoi ?
Dr Christophe Marguet. La méthodologie et les méthodes utilisées s'appuient sur des études qui sont considérées comme étant d'un très bon niveau scientifique et qui permettent de tirer des conclusions. D'une part, il y a eu des études de faites en milieu hospitalier qui ont montré que la kinésithérapie ne modifiait pas la durée d'hospitalisation et d'autre part, il nous manque des études en ambulatoire, pour les personnes qui ne viennent pas à l'hôpital et qui peuvent garder leurs bébés à la maison, donc dans la mesure où on n'a pas de données, on ne peut pas recommander la kinésithérapie respiratoire. Les anciennes techniques qui peuvent être considérées comme un peu trop agressives et violentes sont contre indiquées strictement. Les nouvelles techniques qui consistent à aider le bébé à faire sortir l'air de sa poitrine sont des techniques beaucoup moins agressives.
Quels sont vos conseils pour soigner ces bronchiolites ?
Les recommandations se sont beaucoup attachées à guider nos collègues médecins et les parents dans le parcours de soins, c'est-à-dire à qui s'adresser. On commence donc par le médecin traitant qui a des outils pour classer la gravité de l'état de santé de l'enfant. Soit les signes sont très graves, et il faut venir à l'hôpital, soit ils ne sont pas graves du tout, et le médecin aura des outils à fournir aux parents pour les rassurer et pour leur expliquer comment surveiller leur bébé à la maison et expliquer les signes d'alerte. Ensuite, il faut commencer déjà par bien laver le nez. C'est un geste simple qui doit être remis au goût du jour. Très souvent, c'est un premier bébé et les parents ne connaissent pas forcément la technique. Il y a une éducation pour laver le nez. Les bébés et surtout les tous petits respirent par le nez et quand le nez est bouché, ils vont paniquer, et n'auront pas forcément le réflexe de respirer par la bouche. Donc il faut d'abord laver le nez et regarder ensuite comment le bébé respire.
Quels sont les signaux graves ?
C'est un bébé qui ne boit plus du tout, qui est très fatigué, qui dort de façon anormal et quand le bébé utilise beaucoup ses muscles pour respirer ce qui entraîne des creusements très importants entre le ventre et la poitrine ou au niveau du cou. Soit l'évolution est favorable, ce qui est la grande majorité des cas, soit à l'hôpital on a des moyens pour aider le bébé à respirer, qui sont de moins en moins agressifs et qui sont très efficaces, ce qui aide énormément ces bébés quand ils sont dans une détresse respiratoire vraiment importante.
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