L'expérimentation animale est-elle inévitable ?
- Les initiateurs de "Stop vivisection" affirment que le modèle animal est "sans valeur scientifique" pour l’être humain. Qu'en pensez-vous ?
Thierry Galli : "Cela n'est pas du tout une réalité. Les pétitionnaires ne prennent que quelques cas où des médicaments mis au point sur l'animal n'ont pas fonctionné sur l'homme. Mais cela est contredit par de très nombreux autres exemples. Le seul médicament qui existe à l'heure actuelle pour traiter l'AVC, le tpA (NDLR : activateur tissulaire du plasminogène), a été mis au point par des expérimentations animales. Autre exemple : en cancérologie, il n’est absolument pas possible de mettre au point les anticorps d'immunothérapie sans expérimentation animale."
- Dans quel cadre réglementaire sont réalisées les expérimentations animales ?
Thierry Galli : "Il y a un cadre très strict posé par une directive européenne de 2010. Il est très bien respecté et les chercheurs y adhèrent parfaitement. Cette directive impose la règle dite des 3R :
- Remplacer les modèles animaux, chaque fois que cela est possible
- Réduire au maximum le nombre d'animaux en expérimentation
- Raffiner, c'est-à-dire faire en sorte qu’il y ait le moins de souffrances possible.
"Et dans ce cadre, il y a un respect très profond de la condition des animaux."
- Quelles sont les alternatives au modèle animal ?
Thierry Galli : "Ce qui est présenté comme des « alternatives » est déjà largement utilisé dans tous les laboratoires du monde, en France comme partout ailleurs en Europe. La recherche animale n'est qu'un maillon entre le travail sur les molécules, sur les cellules et ce qui est fait sur l'homme. Toutes les équipes qui font de la recherche animale travaillent aussi sur des modèles cellulaires. Il ne faut pas instaurer de dichotomie entre recherche animale et méthodes alternatives."
- Est-ce qu'un jour on pourra se passer complétement de l'expérimentation animale ?
Thierry Galli : "On ne peut pas l’anticiper, mais cela semble difficile. Pour reprendre l’exemple de l’AVC, admettons que l'on puisse un jour reconstituer un cerveau in vitro, à ce moment-là, il y aura toujours des gens pour dire « vous ne pouvez pas travailler sur ce cerveau car il est doué d’intelligence, il est sensible… ». Cela ne fera que déplacer le problème. La question primordiale est la sécurité des patients."
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