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Pourquoi vous devriez vous intéresser à la convention de Minamata, ce traité censé lutter contre les dangers du mercure

Ce texte, ratifié par 74 pays dont la France, entre en vigueur mercredi 16 août.

Article rédigé par franceinfo
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Des hommes utilisent du mercure pour séparer les minéraux lourds du sable qu'ils récupèrent dans une mine d'or à Tomboronkoto, au Sénégal, le 11 février 2017. (PABLO PARRA / ANADOLU AGENCY)

C'est une victoire importante pour les défenseurs de l'environnement. Au terme de huit ans de négociations, la convention de Minamata entre en vigueur, mercredi 16 août, pour limiter les rejets de mercure et encadrer leur extraction au niveau mondial. A l'heure actuelle, ce texte est encore peu connu du grand public. Il comporte pourtant plusieurs mesures ambitieuses. Franceinfo vous explique pourquoi vous devriez y regarder de plus près.

1Parce que le mercure est extrêmement nocif

Dans un communiqué publié mercredi 16 août, Human Rights Watch s'est félicité de l'entrée en vigueur de la convention de Minamata sur le mercure qui, selon l'ONG, "pourrait être bénéfique à des millions de personnes affectées par cette substance toxique". Les risques sanitaires causés par une exposition au mercure sont en effet nombreux.

En cas d'ingestion, même à faible dose, par une femme enceinte, ce métal lourd peut entraîner des troubles graves sur le système nerveux central du futur enfant. S'il est inhalé ou ingéré, le mercure peut affecter les systèmes digestif et immunitaire, provoquer des troubles de la vision, du sommeil, de la mémoire, mais aussi des problèmes respiratoires ou encore des dysfonctionnements rénaux.

Létal à forte dose, le mercure est également très dangereux pour l'environnement, car une fois qu'il est présent dans la nature, il s'accumule dans la chaîne alimentaire. Omniprésent à dans l'environnement, le plomb se retrouve dans les rivières et les poissons, où il ne se dégrade pas.

2Parce que l'homme rejette trop de mercure

Les Etats ayant adhéré à la convention de Minamata se sont fixés comme objectif la disparition des mines de mercure dans les 15 ans suivant la ratification du texte. Ils s'engagent aussi à limiter les rejets, l'utilisation et le commerce du mercure, ainsi qu'à le stocker de façon "écologiquement rationnelle", et à dépolluer les sites contaminés.

Ces mesures vont représenter un vrai défi pour de nombreux pays, car même si, en Europe, les thermomètres et les piles contenant du mercure ont été interdits en 2000, les rejets dus à l'activité humaine sont encore importants. Le mercure est en effet extrait et ses déchets sont stockés dans le cadre de certaines activités industrielles, mais aussi pour la fabrication d'amalgames dentaires, qui représente "la principale utilisation du mercure subsistant dans l’Union", indique la Commission européenne.

Le mercure est également très utilisé pour l’orpaillage artisanal, notamment au Ghana, au Nigeria, au Mali, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines, selon Human Rights Watch. Mais aussi de manière illégale en "France, avec la Guyane", indique Philippe Thibault, de WWF, cité par Le Figaro. D'après ce spécialiste, "les activités aurifères artisanales représentent 37% des quelque 4 500 tonnes de mercure qui sont émises chaque année par l’homme".

La combustion du charbon est, en outre, responsable d'une grande part des émissions de mercure. Ces rejets dus à l'activité humaine s'ajoutent aux rejets naturels du métal dans l'atmosphère, avec par l'exemple les éruptions volcaniques ou l'érosion des roches.

3Parce qu'il a fallu dix ans pour l'élaborer

A l'heure actuelle, 128 pays ont signé ce texte et 74 l'ont ratifié, dont la France, le 15 juin dernier. Le seuil symbolique des 50 ratifications, nécessaire au déclenchement de sa mise en application, a été franchi en mai. Les négociations internationales autour du texte, adopté en 2013 au Japon, ont été lancées par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) il y a huit ans. Mais comme l'indique le préambule du texte, l'élaboration de la convention traîne en fait depuis 2001.

Pour retrouver la source du texte, on peut même remonter au siècle dernier. La convention de Minamata doit en effet son nom à une ville de pêcheurs japonais, qui a connu une grave crise sanitaire, après le déversement, par une entreprise de produits chimiques entre 1932 et 1968, de déchets liquides contenant du méthyle mercure. Le métal, répandu dans l'eau de sa baie, s'est accumulé dans la chair des poissons et d'autres animaux, avant de contaminer la population locale à partir des années 1950.

Plusieurs décennies après le drame, l'entrée en vigueur de la convention de Minamata, est donc particulièrement symbolique.

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