Sable du Sahara : "Ça reste moins dangereux qu'un épisode de pollution aux particules carboniques", assure un chercheur
L'épisode de pollution qui touche la France n'est pas particulièrement dangereux mais il faut éviter de respirer des grandes quantités de sable, indique Jean-Baptiste Renard, chercheur au CNRS.
"Ça reste moins dangereux qu'un épisode de pollution aux particules carboniques", rassure vendredi 26 février sur franceinfo Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS à Orléans, alors que de nombreux départements sont toujours en alerte pollution liée à la présence de sable du Sahara. Le vent du nord commence à balayer les particules de cet épisode de pollution, dû à des poussières venues du Sahara, qui dure depuis mercredi 24 février.
franceinfo : Cet épisode de pollution est-il plus problématique que ceux liés à des pics d'ozone ?
Jean-Baptiste Renard : Les pics d'ozone sont une pollution aux gaz. On parle souvent de pollution aux particules fines, en hiver ou au printemps, liée au trafic routier, aux épandages agricoles, qui se produisent dans des situations anticycloniques. Là, c'est tout à fait différent, nous avons des poussières qui remontent du Sahara, comme cela arrive plusieurs fois par an. Avec la situation anticyclonique, nous avons des concentrations assez fortes. Ça reste moins dangereux qu'un épisode de pollution aux particules carboniques. Respirer de grandes quantités de sable n'est pas bon du tout, ça peut déclencher des problèmes respiratoires significatifs ou sérieux, mais c'est une pollution qui est moins catastrophique que les particules carboniques, qui sont beaucoup plus toxiques pour l'organisme, typiquement celles issues du trafic routier, de l'activité industrielle, et même du chauffage au bois.
De nombreuses communes ont lancé des opérations de gratuité des transports en commun pour lutter contre cet épisode de pollution : est-ce que la pollution aux particules du Sahara s'ajoute à celle des voitures ?
La pollution du sable s'ajoute à la pollution classique liée à l'activité industrielle, au chauffage et aux transports. Comme on a une situation anticyclonique assez forte - il fait beau temps, il fait chaud - on a déjà une pollution liée aux activités humaines. En plus se rajoute un épisode de particules d'origine naturelle. Mais on était déjà dans une situation classique de pollution aux particules fines, donc c'est bien de prendre conscience, à l'occasion de cet épisode du sable de Sahara, qu'il y a la pollution de fond liée à nos activités humaines.
Combien de temps vont-elles mettre à se dissiper ?
C'est toujours lié à la vitesse des vents et aux conditions météorologiques. Cela va dépendre de combien de temps l'anticyclone va rester au-dessus de la France. On voyait dans les simulations et les images qu'il y avait une grande quantité de poussières. Il va falloir que tous ces nuages traversent la France, ça peut prendre un certain temps. Je me souviens d'un épisode il y a quelques années qu'on avait étudié, au-dessus de la Méditerranée. Sur le sud de la France, l'épisode était resté quasiment une semaine.
Quelles pratiques adopter pendant ce genre d'épisodes ?
Il faut limiter votre activité physique. Évidemment on ne peut pas s'arrêter de respirer, mais si on a une activité normale, on va respirer normalement, si on a une activité beaucoup plus intense, on va augmenter sa respiration et donc aspirer, ingérer de plus grandes quantités de particules. Il faut aussi ventiler chez soi, et essayer de limiter les déplacements par des véhicules à moteur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.