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Sept questions sur le pic de pollens (et d'allergies) qui accompagne la météo ensoleillée de ce mois de février

Le risque d'allergies atteint son niveau le plus élevé dans onze départements proches de la Méditerranée, selon le Réseau national de surveillance aérobiologique.

Article rédigé par franceinfo
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Les branches couvertes de pollen d'un noisetier dans une forêt à Düsseldorf, en Allemagne, le 14 février 2019. (HORST OSSINGER / AFP)

Si vous vous réjouissez de la météo exceptionnellement radieuse qui baigne l'essentiel de la France métropolitaine en ce mois de février, c'est peut-être que vous ne faites pas partie des 20% de Français allergiques aux pollens. L'ensoleillement et la douceur des températures font en effet grimper le risque d'allergies, en particulier dans le sud de la France, où il atteint son niveau maximum, selon le bulletin publié vendredi 22 février par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Avec l'aide de Samuel Monnier, ingénieur en aérobiologie au sein de cette association, franceinfo répond aux questions que vous pouvez vous poser sur ce pic d'allergies.

1Pourquoi la météo de ces derniers jours favorise-t-elle les allergies ?

Après un mois de janvier "très calme au niveau des pollens, car le temps était encore très frais", selon Samuel Monnier, la France connaît des conditions météorologiques "très favorables à la pollinisation des arbres" depuis le début du mois de février. Ces conditions, ce sont "des températures essentiellement tempérées, au-dessus des moyennes de saison, et un ensoleillement très fort", détaille cet ingénieur en aérobiologie.

Il explique que le "cocktail idéal" pour la prolifération des pollens est "soleil et vent". Le soleil et la chaleur favorisent la floraison, et le vent aide le pollen à se disséminer dans l'air. En revanche, la pluie est l'amie des allergiques : "Quand il pleut, les pollens sont plaqués au sol".

2Quels sont les territoires concernés ?

"On a des capteurs dans toute la France, et tous montrent un pic", explique Samuel Monnier. La carte de vigilance des pollens du RNSA, mise à jour le 22 février, classe pratiquement tous les départements du pays au niveau 3 ou plus de risque d'allergies, sur une échelle de 5. Le dernier tiers sud du pays est presque entièrement en alerte orange (risque "élevé" d'allergie), et onze départements, autour de la Méditerranée, sont en alerte rouge (risque "très élevé", soit le niveau 5 sur une échelle de 5).

"Le risque est surtout concentré dans le Sud-Est, avec une forte concentration de pollens de frêne et surtout de cyprès", précise l'ingénieur. Mais il est aussi présent dans le Sud-Ouest et plus au Nord, où ce sont les pollens de noisetiers et d'aulnes qui posent problème. "Les aulnes sont en train de prendre le relais des noisetiers. A cause d'eux, davantage de départements vont passer en orange dans la prochaine mise à jour" de la carte du RNSA, prévue vendredi 1er mars. Des cartes publiées par l'association montrent d'ailleurs que la concentration de pollen d'aulnes sera particulièrement importante mercredi, jeudi et vendredi.

En somme, toutes les régions ne connaissent pas des pics des mêmes types de pollens. Mais, si certaines personnes sensibles ne craignent pas tous les types de pollens, leurs allergies correspondent souvent aux arbres les plus courants dans les lieux où ils vivent, comme les cyprès dans le Sud et les aulnes plus au Nord, explique Samuel Monnier.

3Un tel pic d'allergies est-il inhabituel à cette période de l'année ?

L'expert du RNSA rappelle que "chaque année, entre février et mars, il y a des allergies à l'aulne et au noisetier dans toute la France, et au cyprès dans le Sud, ce n'est pas nouveau". Cette année, leur floraison est simplement intervenue plus tôt que la moyenne. "Ce qui est nouveau", explique en revanche Samuel Monnier, "c'est que cette année, il n'y a pas de pluie pour les neutraliser", ce qui explique que le pollen soit  particulièrement présent dans l'air. A titre de comparaison, l'an dernier, où une vague de froid avait touché la France en février, "les pollens étaient arrivés fin mars".

4Faudra-t-il s'y habituer avec le réchauffement climatique ?

Interrogé le 22 février par franceinfo, Frédéric Nathan, prévisionniste pour Météo France, refusait de "directement lier un phénomène ponctuel" – le temps clément de ce mois de février, responsable du pic d'allergies – "au réchauffement climatique".

Pour autant, Samuel Monnier constate que "depuis à peu près le début des années 2000, on observe un peu plus fréquemment" des concentrations de pollens anormalement élevées. Les périodes de pollinisation de l'aulne, du noisetier ou du cyprès arrivent "plus tôt, sont plus longues, et les concentrations plus fortes". Si les températures élevées deviennent plus courantes à cette saison, les pics d'allergies le deviendront aussi.

5Combien de temps cela va-t-il durer ?

La période de pollinisation n'est pas simplement décalée par la météo de ce mois de février : "Le pic est plus intense cette année, et il durera plus longtemps que d'habitude", confirme Samuel Monnier.

Et si les conditions météorologiques de février se prolongent en mars, d'autres arbres seront concernés : les pollens de bouleau, habituellement présents à partir de la fin mars ou du début avril, "arriveront un peu plus tôt" cette annéeEn revanche, une éventuelle chute des températures aurait l'effet inverse : "C'est sûr que s'il y a de fortes gelées en mars, les allergiques vont être très contents, et les agriculteurs beaucoup moins".

6Le pic de pollution aggrave-t-il les choses ?

La météo de ce mois de février favorise également la pollution aux particules fines, en particulier dans les zones urbaines. A Paris et en proche banlieue, les véhicules les plus polluants seront interdits de circulation mercredi 27 février. Et cette pollution n'est pas seulement le produit des mêmes causes que les pics de concentration de pollens : elle a un effet combiné. 

"Le lien entre pollen et pollution atmosphérique est démontré", explique Samuel Monnier. La pollution atmosphérique "fragilise les voies respiratoires. Cela gratte la gorge mais cela baisse aussi le seuil de sensibilité des personnes allergiques, car cela permet aux pollens de rentrer plus facilement" dans les voies respiratoires.

7Comment me protéger si je suis allergique ?

Le site du ministère de la Santé a mis en ligne une liste de recommandations pour éviter de trop subir les effets des pollens. Les allergiques sont, bien sûr, invités à éviter les activités en extérieur qui les exposent aux pollens, comme le sport et les travaux de jardin, mais aussi à garder les fenêtres fermées en voiture et à aérer leur logement la nuit plutôt que le jour. Il est aussi conseillé de se rincer les cheveux le soir, pour éviter de respirer toute la nuit les pollens qui s'y sont accumulés la journée, et d'éviter de faire sécher son linge à l'extérieur.

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