Trois questions sur le rapport de l'Anses qui pointe les dangers des ampoules LED
Dans un rapport rendu public mardi 14 mai, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail alerte sur les risques pour la santé de ces éclairages.
Certains types d'éclairage à diodes électroluminescentes (LED), riches en "lumière bleue", ont un effet toxique sur la rétine et perturbent notre rythme de sommeil. C'est la conclusion d'un rapport (en PDF) publié mardi 14 mai par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), dans un contexte où "l'exposition de la population à la lumière bleue a fortement augmenté, notamment le soir avec des éclairages artificiels ou des écrans riches en lumière bleue".
Franceinfo vous résume les principaux enseignements de cette étude.
1Pourquoi certaines LED sont-elles dangereuses ?
Pour obtenir une lumière blanche, ces éclairages couplent une diode bleue à une couche de phosphore jaune. Plus leur lumière est "froide" (semblable au soleil à midi plutôt qu'au soleil couchant), plus la proportion de bleu est grande dans leur spectre. L'Anses avait déjà souligné les risques pour la rétine de cette lumière bleue lors d'un premier avis, en 2010.
Depuis, "les nouvelles données scientifiques confortent" cette toxicité pour l'œil, pouvant conduire à "une baisse de la vue". Les études "montrent des effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë et des effets à long terme liés à une exposition chronique, qui augmentent le risque de survenue d'une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA)", détaille l'organisme chargé de l'évaluation des risques sanitaires.
L'expertise de l'Anses met aussi "en évidence qu'une exposition, même très faible, à de la lumière riche en bleu le soir ou la nuit perturbe les rythmes biologiques et donc le sommeil". A cet égard, les enfants et les adolescents, "dont les yeux ne filtrent pas pleinement la lumière bleue" car leur cristallin est encore en développement, "constituent une population particulièrement sensible".
De nombreuses lampes à LED présentent "des variations importantes de l'intensité lumineuse", en réaction aux fluctuations du courant d'alimentation de la prise. "Certaines populations telles que les enfants, adolescents et des professionnels pourraient être plus sensibles aux effets potentiels induits par cette modulation de la lumière : maux de tête, fatigue visuelle, risque accidentel, etc.", estime l'Anses. Enfin, comme tout éclairage artificiel, les LED participent à "une augmentation de la mortalité et un appauvrissement de la diversité des espèces animales et végétales étudiées dans les milieux éclairés la nuit".
2Quels sont les objets concernés ?
Pour l'effet toxique sur la rétine. Les LED font l'objet d'une réglementation qui les classe par groupe de risque : 0 pour "sans risque", 1 pour "risque faible", 2 pour "risque modéré" et 3 pour "risque élevé". "Actuellement, pour l’éclairage domestique, seules les lampes à LED de groupes de risques 0 ou 1 (conformément à la norme de sécurité photobiologique NF-EN-62471) sont accessibles au grand public", précise l'Anses. Les éclairages des groupes 2 et 3 sont réservés à un usage professionnel.
En revanche, cette réglementation ne couvre pas "d’autres types d’éclairage à LED tels que des lampes torches, des phares automobiles, des décorations ou des jouets". Tous ces objets peuvent pourtant "émettre des lumières particulièrement riches en bleu et appartenir au groupe de risque 2". Côté jouets, il n'existe qu'une réglementation sur les lasers, "inadaptée aux éclairages à LED". Pour les phares des voitures, il n'y a tout simplement pas de norme "destinée à garantir la sécurité photobiologique".
Pour la perturbation du sommeil. L'Anses pointe du doigt l'utilisation en soirée d'écrans d'ordinateur, de téléphone ou de tablette, qui présentent "un faible niveau d'éclairement" mais sont "riches en bleu". Certaines veilleuses pour nourrissons peuvent également poser problème.
3Que recommande l'Anses ?
L'agence préconise de limiter son exposition à la lumière riche en bleu. Elle conseille de privilégier des éclairages domestiques de type "blanc chaud" – c'est-à-dire une température de couleur inférieure à 3 000 kelvins (K) – et, contre les troubles du sommeil, de limiter l'exposition à la lumière riche en bleu des écrans à LED "avant le coucher et pendant la nuit".
L'Anses invite également les autorités à modifier le cadre réglementaire. Elle juge que les objets vendus au grand public ne devraient comporter que les catégories de LED les moins dangereuses et qu'il faudrait "limiter l'intensité lumineuse des phares" des voitures. Elle estime qu'il faut "réduire au minimum le niveau de modulation temporelle de la lumière émise par toutes les sources lumineuses (éclairages, écrans, objets à LED)".
Enfin, l'Anses n'est pas convaincue par "les moyens de protection disponibles pour le grand public tels que les verres traités, les lunettes de protection ou les écrans spécifiques". Pour protéger la rétine, leur efficacité est "très variable". Pour le sommeil, "elle n'est pas prouvée aujourd'hui".
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