Espérance de vie : les inégalités se creusent depuis 30 ans entre les villes et les campagnes, selon une étude
Un Français vivant en milieu hyper urbain vit en moyenne deux ans de plus qu'un d'un hyper rural. L'écart était de trois mois en 1990, révèlent l'Association des Maires Ruraux et la Macif.
Les inégalités en termes d'espérance de vie entre les territoires ruraux et les territoires urbains se sont creusées depuis 30 ans. C'est la conclusion d'une étude menée par l'Association des maires ruraux de France (AMRF) et le groupe Macif, en partenariat avec France Bleu, publiée mercredi 16 décembre.
L'hyper rural vit en moyenne deux ans de moins que l'hyper urbain
L'étude, qui s'appuie sur les chiffres de l'Insee, met en lumière l'espérance de vie des hommes et des femmes selon qu'ils vivent en milieu rural ou hyper rural, urbain ou hyper urbain, ou dans une zone dite composite en termes de densité urbaine. En 2019, un homme en milieu hyper rural vit en moyenne 2,2 ans de moins qu'un hyper urbain. L'écart était de 3 mois en 1990. Un hyper urbain avait une espérance de vie de 73,2 ans il y a 30 ans quand un hyper rural ne pouvait espérer vivre que jusqu'à 72,9 ans. Trente ans plus tard, l'hyper urbain peut vivre jusqu'à 80,7 ans en moyenne contre 78,5 ans pour un hyper rural.
De même, une femme vivant en milieu hyper rural vit en moyenne 9 mois de moins qu'une femme vivant en milieu hyper urbain. L'écart était de 3 mois en 1990. Une Française de 1990 vivant en milieu hyper urbain avait une espérance de vie de 81,1 ans alors qu'une Française vivant à la campagne ne pouvait espérer vivre que jusqu'à 80,9 ans. En 2019, l'hyper urbaine vit jusqu'à 85,8 ans en moyenne et une hyper rurale jusqu'à 84,9 ans.
À noter que les inégalités sont plus importantes pour les habitants des départements et régions d'Outre-mer. L'écart d'espérance de vie est en 2019 de 2,8 ans pour les hommes et de 1,3 an pour les femmes. Il était en 2000 de 2,6 ans pour les hommes et de 1,9 an pour les femmes.
Une inégalité d'accès aux soins
Comment expliquer ces inégalités ? Pour l'AMRF et le groupe Macif, l'étude montre que les milieux ruraux, s'ils sont "attractifs, la prévention et l’accès aux soins hospitaliers y sont dégradés". Pour eux, "l’éloignement géographique donne la preuve des inégalités territoriales en matière d’accès aux soins". Ils estiment qu'il y a "une forte corrélation avec l’absence de médecins traitants".
Là où il n’y pas de médecins libéraux qui dépistent et adressent le patient à l’hôpital, moins de patients vont à l’hôpital.
L'Association des Maires Ruraux et la Macif(rapport)
Selon les auteurs de l'étude, la crise sanitaire "a mis en avant l’importance de la proximité dans l’organisation du service de santé". Ils considèrent que l’État, "empêtré dans son modèle d’aménagement du territoire, centré sur le développement des métropoles, continue d’affaiblir les campagnes à grand renfort d’arguments statistiques".
L'AMRF et le groupe Macif estiment que 'l'État a baissé les bras" devant les fractures territoriales, et "que rien n’est fait pour les combattre". Face à cela, l'Association des Maires Ruraux de France et l'assureur mettent en avant leur rôle de "proximité". L'étude entend ainsi fournir aux élus ruraux "de nouveaux arguments face au dogme centralisateur et apporter au débat public de nouvelles données pour se forger une opinion éclairée sur la réalité du désastre sanitaire français".
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