Fin de vie : « Ceux qui ne peuvent pas partir en Belgique ou en Suisse se suicident »
- Que pensez-vous de l’avis du Comité d’éthique ?
Jean-Louis Romero-Michel : "On n’attendait pas grand chose du CCNE qui sur cette question avait montré une certaine frilosité ces dernières années. Ce qui est étonnant, c’est de voir qu’il constate lui-même que l’on meurt très mal en France et il nous dit qu’il faut mieux appliquer la loi. Sauf que cela fait depuis 2005 qu’on nous dit qu’il faut appliquer la loi sur la fin de vie. Mais si on ne l’applique pas, c’est qu’elle ne fonctionne pas. On le voit bien avec la sédation terminale, qui est une solution dans un certain nombre de cas, mais qui parfois dure trois semaines et dans ces conditions-là, c’est même une forme d’acharnement thérapeutique. C’est peut-être pour cela qu’une partie des soignants ne s’en empare pas et que de l’autre côté, certains patients en fin de vie ne veulent pas de cette sédation terminale."
- Le CCNE souhaite qu’un travail de recherche soit fait pour « étudier un certain nombre de situations exceptionnelles auxquelles la loi actuelle pourrait ne pas répondre ». Est-ce que ça signifie que dans certains cas, l’euthanasie pourra être pratiquée ?
Jean-Luc Romero-Michel : "On n’arrête pas de nous dire qu’il faut faire des études… il faut arrêter avec les études ! On constate que l’on meurt mal, on dit qu’il faut un accès universel aux soins palliatifs. Je suis complètement d’accord mais il faut arrêter d’en parler, il faut mettre l’argent. Or quand on voit le prochain budget de la Sécu, je ne crois pas qu’il y ait l’accès universel aux soins palliatifs. Aujourd’hui, il faut agir. On pense que ce sont les parlementaires qui peuvent s’emparer de cette question de la fin de vie et là il y a quelque chose qui est en train de changer : pour la première fois, nous avons des parlementaires de tous les partis politiques qui sont favorables à la légalisation de l’euthanasie. L’avis du Comité est purement consultatif."
- Est-ce que beaucoup de patients français sont prêts à partir en Belgique ou en Suisse pour se faire euthanasier ?
Jean-Luc Romero-Michel : "C’est ça le problème. Aujourd’hui, la Belgique et la Suisse n’arrivent plus à répondre aux demandes. En Belgique, c’est compliqué, c’est encore plus compliqué qu’en Suisse car il faut avoir un lien avec le système de santé. Malheureusement, on ne peut pas partir comme ça… on peut qui si on a les moyens et les relations. En Belgique, il faut connaître. En Suisse, ça coûte l’équivalent de 11.000 euros. Que font ceux qui ne peuvent pas partir ? Ils se suicident et souvent de manière violente. La France a un des plus forts taux de suicides de personnes âgées et de malades au sein de l’OCDE. Il y a un moment où il faut quand même se poser des questions… Il faut que l’on ait une loi d’égalité et de liberté comme pour l’avortement."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.