Bébés morts à Chambéry : la production d'un labo suspendue
Ces résultats d'analyse étaient très attendus, dans l'enquête sur la mort de trois nourrissons à l'hôpital de Chambéry en décembre. Le 6, 7 et 12 décembre, Chloé, Théo et Milie sont morts au service de réanimation néonatale, de symptômes identiques. Des poches de nutriments, administrés par perfusion, étaient soupçonnées d'être à l'origine de leur contamination mortelle. Une information confirmée mardi.
Six poches contaminées, par un germe sans nom à ce jour
Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, indique que ces poches sont en cause : "Nous avons six poches de nutrition analysées à l'hôpital qui s'avèrent contaminés par une bactérie (...) Trois de ces six poches étaient sous scellés, fermées, non ouvertes et s'avèrent néanmoins contaminées par un germe rare, difficile à identifier ". Le procureur a également indiqué qu'aucun autre problème n'avait été signalé ailleurs en France.
"Une entérobacterie de l'environnement, une nouvelle espèce non décrite à ce jour et qui n'a pas encore de nom" (Institut Pasteur)
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, précise que les poches étaient contaminées par "un seul et même germe d'origine environnementale ", c'est-à-dire que l'on peut trouver dans le sol, l'air ou l'eau. L'institut Pasteur de Paris a été saisi pour identifier ce germe. Il indique qu'il s'agit d'"une entérobacterie de l'environnement, une nouvelle espèce non décrite à ce jour et qui n'a pas encore de nom ".
Le procureur de la République de Marseille a précisé qu'il s'agissait d'une bactérie très puissante. "On est face à une entérobactérie qui dégage des toxines pouvant être assez foudroyantes, encore plus chez des nourrissons ", a-t-il dit.
La production du laboratoire Marette suspendue par la ministre
En attendant de confirmer le lieu de la contamination, la ministre de la Santé a annoncé la suspension de la production du laboratoire normand Marette, basé à Courselles-sur-Mer, qui avait fourni les poches à l'hôpital. Une vingtaine de centres hospitaliers sont concernés, et ne doivent donc pas utiliser les poches de ce laboratoire.
"Le laboratoire Marette qui a procédé à la fabrication doit respecter un certain nombre de bonnes pratiques, il nous faudra donc vérifier dans un premier temps que l'ensemble de ces prescriptions ont bien été respectées ", a expliqué le procureur de la République de Marseille, Brice Robin.
"Nous n'excluons aucune piste"
"Nous n'excluons aucune piste et nous serons vigilants quant à la recherche d'éventuelles défaillances dans toute la chaîne de fabrication, de transport, de stockage et d'administration de ces poches de nutrition ", a-t-il ajouté, évoquant "un dossier complexe ".
Le laboratoire envisage des "recours"
Le laboratoire Marette a réagi en début de soirée via son avocat. Il a indiqué envisager des "recours" contre la suspension de son activité.
Lundi, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire contre X pour "homicide et blessure involontaires, mise en danger délibéré de la vie d'autrui, et fabrication de médicaments sans respecter les bonnes pratiques". La juge Annaïck Le Goff, vice-présidente du pôle de santé publique de Marseille, va dans les prochains jours se rendre à Chambéry pour rencontrer les enquêteurs et les familles.
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