Crise de l'hôpital : "On tire la sonnette d'alarme, parce qu'on aime notre hôpital public", déclare un des signataires d'une tribune
"On tire la sonnette d'alarme, parce qu'on aime notre hôpital public", déclare mercredi 21 décembre sur franceinfo le Professeur Xavier Mariette, médecin rhumatologue et signataire de la tribune L'hôpital n'est plus capable d'amortir la moindre crise sanitaire. Un collectif de 5 000 médecins, soignants et agents hospitaliers signent ce mercredi cette tribune dans Le Monde pour réclamer une prise de conscience des pouvoirs publics sur l'état de l'hôpital.
franceinfo : Pourquoi publier cette tribune ?
Xavier Mariette : On tire la sonnette d'alarme, parce qu'on aime notre hôpital public. Il faut vraiment que les politiques montrent aussi qu'ils aiment l'hôpital, ce qu'on ne sent pas. On a vraiment besoin de savoir que les gens qui nous gouvernent ont compris que si on ne fait rien aujourd'hui, on va arriver dans le mur et on va perdre ce qui a été un des fleurons de la France à la fin du XXᵉ siècle.
Rien n'a changé depuis la crise sanitaire ?
Il y a eu un effort qui a été incontestablement fait en termes de salaires et cet effort était indispensable. On était en queue de peloton des pays de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], on est au milieu maintenant, mais ça ne suffit pas vu la pénibilité du métier, vu le manque d'attractivité. Il y a encore des postes qui sont insuffisamment rémunérés : le travail de week-end, le travail de nuit, le travail de garde des jeunes médecins. Et puis surtout, on sort d'une situation où, pendant 20 ans, on a fait des économies parce que finalement, on considérait que l'hôpital coûtait trop cher.
Quelles solutions proposez-vous ?
Le premier axe, c'est vraiment mettre le service au cœur de l'hôpital. Les décisions importantes prises à l'hôpital sont toujours prises par le directeur et par une petite poignée de directeurs de pôles. Il faut vraiment impliquer les chefs de service et cadres de service dans les décisions de l'hôpital. Le financement, c'est également un axe aujourd'hui. Si l'hôpital en est là, c'est qu'il fallait faire toujours plus d'activités pour que l'hôpital gagne du temps, ce qui a poussé à la productivité et à l'épuisement des équipes. Et il y a aujourd'hui d'autres manières, sans doute, de financer certaines activités de l'hôpital. Le plus important aujourd'hui pour arrêter l'hémorragie de soignants, c'est d'améliorer les conditions de travail. Aujourd'hui, ce que l'on propose, c'est réellement qu'une infirmière soit embauchée dans un service défini, à un horaire défini. Et surtout, il faut absolument introduire cette notion de ratio, c'est-à-dire un nombre maximum de patients pris en charge par une infirmière. C'est comme ça qu'elles retrouveront le sens de leur travail.
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