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Plafonnement du salaire des médecins intérimaires : "Les Français ne seront plus soignés correctement", alerte un urgentiste, porte-parole du syndicat SNMHR

"En pleine inflation, on nous stigmatise parce qu'on gagne 40 ou 50 euros de l'heure", s'indigne le porte-parole du Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants, opposé au plafonnement des salaires imposé aux médecins intérimaires à partir de lundi.
Article rédigé par franceinfo
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Les cliniques privées veulent obtenir une réévaluation de leurs tarifs à hauteur de 500 millions d'euros. (DOMINIQUE BORDIER / MAXPPP)

"C'est inadmissible, on veut nous dévaloriser", s'indigne le médecin urgentiste Éric Reboli dimanche 2 avril sur franceinfo, alors qu'à partir de lundi, les salaires des médecins intérimaires seront plafonnés à 1 390 euros pour 24 heures. Le porte-parole du Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants (SNMHR) assure que "80% des intérimaires" touchent entre "40 et 65 euros de l'heure", un salaire qu'il juge "décent". Avec ce plafonnement, les médecins remplaçants risquent, selon lui, de déserter l'hôpital : "Les Français ne seront plus soignés correctement", alerte-t-il. Son syndicat estime que 200 services en France menacent de fermer, par manque de médecins.

>> "On remplace un, voire deux médecins à la fois" : le futur plafonnement du salaire des médecins intérimaires inquiète en pleine crise de l'hôpital public

franceinfo : Pourquoi refusez-vous ce plafonnement des salaires ?

Éric Reboli : On ne veut pas être la première profession avec un plafond en France. C'est inadmissible. En pleine inflation, on nous stigmatise parce qu'on gagne 40 ou 50 euros de l'heure.

"On veut nous dévaloriser, pour être comme les titulaires de l'hôpital public, avec des salaires misérables, et être exploité par l'hôpital public."

Éric Reboli, porte-parole du Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants

à franceinfo

 On veut gagner un salaire décent, ce n'est pas plus compliqué que ça.

1 390 euros pour 24 heures de travail, c'est un salaire misérable ?

Ça correspond à moins de 35 euros de l'heure. Là, je suis de garde, j'attaque ma 23ème heure de travail de suite. Je pense que ce salaire est raisonnable. Plus de 80% des intérimaires travaillent pour entre 40 et 65 euros de l'heure pour des horaires de nuit, du travail le week-end et les jours fériés. Je pense que c'est décent. On n'est pas des mercenaires. Le gouvernement a sorti une fois l'exemple d'un médecin qui gagnait 6 000 euros en 24 heures et il s'en sert pour stigmatiser une profession, plus de 10 000 salariés en France. C'est inadmissible.

Quelles vont-être les conséquences, selon vous, sur les hôpitaux de ce plafonnement des salaires ?

Les Français ne seront plus soignés correctement à partir de lundi. Il va y avoir des décès, des souffrances. Des services de maternité, de cardiologie, d'urgences, de gériatrie vont fermer. On en a recensé au moins 200 sur tout le territoire. Des services entiers ne peuvent déjà plus accepter de patients la nuit. Les agences régionales de santé pondent des notes pour dire qu'il faudra passer par le 15, dans de nombreux départements. Et il va y avoir un épisode en cascade : la population va se reporter sur d'autres services, et les soignants vont se retrouver débordés. On va se retrouver avec de la panique et de l'attente.

Comment trouver une solution tout en respectant les contraintes budgétaires ?

Il faut rendre l'hôpital attractif. Tous les syndicats de médecins le demandent. Dans n'importe quelle entreprise, on doit attirer les salariés, pas leur taper dessus. 

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