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Hôpital public : il faut "alléger, simplifier, responsabiliser les acteurs" de l'hôpital, selon le président de la Fédération hospitalière de France

Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, était l'invité de franceinfo lundi. Il a dénoncé "les plans d'économies" qui ont "dégradé" "la qualité du service public" à l'hôpital. 

Article rédigé par franceinfo
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Un soignant et un patient le 24 mai 2017 dans un hôpital de Lyon (Rhône-Alpes).  (JEFF PACHOUD / AFP)

La Fédération hospitalière de France (FHF) a lancé, lundi 18 décembre, un cri d'alarme sur la situation financière des hôpitaux publics. Selon elle, les établissements "devraient connaître un déficit historique d'1,5 milliard d'euros en 2017". La FHF affirme que "la qualité des soins est menacée."

Invité de franceinfo lundi, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France et maire LR de Fontainebleau (Seine-et-Marne), a évoqué "la fatigue des personnels, les tensions dans les organisations" qui contribuent à "la dégradation de la qualité du service public"

franceinfo : le déficit des hôpitaux publics est-il d'une ampleur historique ?

Frédéric Valletoux : C'est un montant énorme. Du jamais vu pour l'hôpital public. On était à 470 millions d'euros en 2016. En 2017, c'est quatre fois plus. C'est le résultat des plans d'économies qui ont été imposés sans que l'on donne les moyens à l'hôpital de porter ces économies sans dégrader le service public. On demande toujours plus d'économies à l'hôpital depuis trois ans. On a fait trois milliards d'économies ces trois dernières années. Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2018, on prévoit encore un milliard d'économie et on ne change pas la voilure de l'hôpital. Les réformes de fond n'ont pas été faites, la réforme du financement est évoquée depuis cinq ou six ans, mais jamais personne ne l'a attaquée.

Des économies sont demandées aux hôpitaux, mais sans changer le mode de fonctionnement ?

Exactement. Inévitablement on tire sur l'élastique. On tire sur les organisations. Quand on parle de fatigue des personnels, elle est réelle. Quand on parle de tensions dans les organisations, elles sont réelles. Le risque, c'est la dégradation de la qualité du service public. On ne peut pas demander, à voilure constante, toujours plus d'économie. Il faut redonner de l'air. Il faut alléger, simplifier, responsabiliser les acteurs locaux, les managers des hôpitaux, médecins, directeurs.

La qualité des soins est-elle menacée ?

Aujourd'hui ce n'est pas le cas. Mais, si demain le gouvernement dit aux hôpitaux, 'il faut ramener le déficit à zéro', si on maintient cet objectif de 1,6 milliard d'euros d'économies supplémentaires sans revoir les modalités de financements, sans faire en sorte que les gens ne se tournent pas vers l'hôpital dès qu'il y a le moindre problème, si on ne change pas le système, ce sera le cas. On les fait où les économies ? 1,5 milliard d'euros de déficit, c'est 30 000 emplois. Est-ce que le mot d'ordre du gouvernement c'est de supprimer de l'emploi hospitalier ? Je ne le pense pas. Mais si c'est le cas, il faut le porter politiquement. Mais cela serait une aberration. Aujourd'hui, on a des organisations qui sont sous tension.

L'hôpital effectue-t-il aujourd'hui des opérations qui ne servent à rien ?

Il y a dans le système de santé trop d'actes qui sont redondants, inutiles. Il y a des gisements par milliards. On évalue à 30 milliards d'euros d'économie. Si on régule les pratiques, si on fait en sorte qu'on ne dépense pas plus mais mieux pour le système de santé, il y a des gisements pour redonner du souffle. Agnès Buzyn est la première ministre de la Santé qui dit 'on va faire des économies sur le sujet'. Mais ce n'est pas après-demain qu'il faut les faire. C'est tout de suite. Parce que là, on court à la catastrophe.

"Les réformes de fond n'ont pas été faites" Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France à franceinfo.

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