Santé : un "jus de cellules" pour soigner une insuffisance cardiaque, une première mondiale à l'hôpital Pompidou
"J'ai dit 'banco, j'y vais tout de suite'". Une première mondiale a été réalisée durant l'été 2023 à l'hôpital européen Georges Pompidou, à Paris. Pour soigner son insuffisance cardiaque sévère d'origine génétique, un premier patient a reçu un "jus de cellules cardiaques".
Âgé de 59 ans, le patient, Sammy Seror, souffrait d'une cardiomyopathie. Sa seule option était la greffe de cœur. Mais au micro de franceinfo, il confie qu'il n'y était "psychologiquement pas encore prêt". À l'hôpital Pompidou, le professeur Philippe Menasché lui propose alors d'être traité avec un "jus de cellules cardiaques".
"Ils m'ont dit : 'C'est une expérience qui peut ou pas améliorer votre insuffisance cardiaque mais on n'y connaît rien puisque vous serez le premier au monde à le faire'."
Sammy Serorà franceinfo
"J'ai dit 'banco, j'y vais tout de suite'. Au préalable, ils m'ont étudié comme si j'allais sur la Lune, ils m'ont fait tous les tests du monde. Et ensuite, j'ai suivi ce protocole, j'ai reçu ce 'jus de cellules' en intraveineuse", poursuit Sammy Seror.
Des centaines de substances biologiques
Il y a 10 ans, le chirurgien Philippe Menasché avait déjà réussi une première mondiale : greffer des cellules cardiaques à une patiente atteinte de la même maladie. Mais l'opération, lourde, obligeait ensuite à prendre des médicaments en continu pour éviter que le corps ne rejette la greffe. "Nous nous sommes rendu compte que le mécanisme d'action des cellules cardiaques était la libération de centaines de substances biologiques qui peuvent contribuer à la réparation du cœur. Autrement dit, il ne faut pas voir les cellules comme des agents de remplacement, mais plutôt comme des micro-usines, libérant dans le cœur des centaines de micro-médicaments", décrypte le spécialiste.
Il a donc gardé uniquement que ce qui est essentiel : les centaines de micro-médicaments secrétés, les cellules cardiaques n'étant pas essentielles. Une fois filtrés, ces micro-médicaments deviennent un "jus de cellules cardiaques" facile à administrer aux patients, dans le bras, et sans problème de rejet de greffe. Plusieurs mois après les trois injections, Sammy Seror l'assure : il se porte bien, expliquant avoir "effectivement senti une amélioration". Mais Philippe Ménasché, lui, reste prudent car l'essai clinique en est à ses débuts. "C'est un patient, le recul n'est que de quelques mois seulement. Il faut attendre d'avoir davantage de patients dans l'essai et naturellement, les reculs plus longs avant de tirer des conclusions", nuance le scientifique.
Une deuxième patiente doit recevoir ce "jus de cellules cardiaques" le mois prochain. Les résultats finaux de cet essai clinique sont attendus dans cinq ans. Ce n'est qu'à ce moment-là, que l'on pourra dire si la piste de recherche est scientifiquement validée.
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