: Vidéo Dans un hôpital parisien, un gynécologue accusé de viols continue d'exercer
Quand des agressions sexuelles commises par des professionnels de santé sont connues, mais ne font pas réagir leur hiérarchie... Le 4 novembre 2021, "Envoyé spécial" diffuse une enquête sur la chape de plomb qui entoure ce type de dérives dans le milieu médical – et jusqu'à l'hôpital public.
Le 2 octobre 2021, une manifestation devant l'hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement parisien, rassemblait des dizaines de personnes. Elles étaient réunies pour demander la démission d'un grand professeur de l'établissement, le gynécologue et obstétricien Emile Daraï. Ce chirurgien est un spécialiste de l'endométriose, une maladie gynécologique qui concerne une femme sur dix en France.
Ces dernières semaines, trois patientes, dont une mineure, ont porté plainte contre lui pour viol, et le parquet de Paris a ouvert une enquête. On lui reproche des gestes gynécologiques qu'il aurait effectués sans le consentement des patientes. Plusieurs internes en médecine, qui accompagnaient le professeur pendant les examens, se sont dits choqués par ses pratiques.
"On le sait depuis longtemps, on ne peut rien faire"
"Si on regarde la définition du mot viol, j'ai assisté à un viol", témoigne une interne dans cet extrait d'"Envoyé spécial". Elle assure en avoir alors parlé à ses supérieurs, qui auraient réagi par "un silence total", et en avoir référé à sa faculté, où elle se serait entendu répondre : "On le sait depuis longtemps, on ne peut rien faire."
Depuis plusieurs années, l'hôpital recevait des courriers de patientes se plaignant des pratiques du Pr Daraï. Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch l'a reconnu dans un courriel adressé à ses équipes, le 8 octobre 2021 : il fait état de "sept réclamations reçues au cours des sept dernières années".
Les journalistes d'"Envoyé spécial" ont recueilli le témoignage de la première patiente à avoir donné l'alerte. Après une opération, elle est venue consulter le Pr Daraï en 2014. Elle dénonce la brutalité d'un examen intime, pratiqué, selon elle, sans son consentement, "un geste qui n'est pas un geste médical normal", mais "barbare, d'une brutalité sauvage".
Contacté via son avocat, Emile Daraï a refusé les demandes d'interview d'"Envoyé spécial". L'AP-HP a ouvert une enquête interne le 20 septembre dernier. Le médecin, qui clame son innocence, a été démis de sa fonction de chef de service. Fin octobre, il consultait toujours à l'hôpital Tenon...
Extrait de "Viol sur ordonnance", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 4 novembre 2021.
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