Impression 3D de médicaments : "L'idée, c'est d'adapter le dosage au patient"
Pour la première fois, une agence sanitaire autorise la commercialisation de médicaments imprimés. Francetv info prend la mesure de cette avancée technologique avec l'aide d'un chercheur spécialisé dans l'impression 3D médicale.
C'est une révolution dans le monde de l'industrie pharmaceutique. L'Agence américaine du médicament (FDA) a donné son feu vert à la mise sur le marché du premier médicament fabriqué avec une imprimante 3D. C'est ce qu'a indiqué, lundi 3 août, le laboratoire Aprecia Pharmaceuticals, qui produit des comprimés solubles pour traiter les crises d'épilepsie.
Le laboratoire a également indiqué qu'il envisageait de développer d'autres médicaments en recourant à cette technologie au cours des prochaines années. Francetv info a contacté Fabien Guillemot, chercheur à l'Inserm spécialisé dans l'impression 3D de tissus organiques, pour prendre la mesure de cette avancée technologique.
Francetv info : Cette découverte ouvre-t-elle la voie à une médication adaptée à chacun des patients ?
Fabien Guillemot : Toute la recherche sur l'impression 3D dans le domaine médical va dans le même sens : celui de la personnalisation des soins. L'idée de cette société américaine, c'est de produire des pilules dont le dosage sera adapté au patient de façon beaucoup plus précise que ce que propose l'industrie pharmaceutique.
Ces médicaments imprimés ont un autre avantage. Leur architecture, plus poreuse, leur permet de se dissoudre plus rapidement et donc de déployer le principe actif de façon presque instantanée. Dans le cas du traitement des crises d'épilepsie, qui nécessite un effet rapide, cela constitue un avantage certain.
Est-il possible d'imprimer toutes les molécules, ou cela est-il limité à des traitements spécifiques ?
On peut, en théorie, imprimer toutes les molécules, donc produire des médicaments pour des pathologies différentes. Il y a toujours des phases d'adaptation dans ces procédés. Pour chaque molécule, il faudra donc définir les paramètres d'impression.
Même si on imprime différemment une prothèse et un médicament, cela reste de la fabrication additive - c'est-à-dire couche par couche - et numérique, donc conçue par l'informatique. On utilise globalement toujours les mêmes imprimantes et les mêmes procédés.
On peut aussi imaginer que ces imprimantes 3D pourront un jour combiner différents médicaments pour mieux coller aux besoins du patient.
Une telle technologie sera-t-elle accessible aux hôpitaux ? Aux particuliers ?
Les imprimantes 3D ne sont pas si onéreuses. On parle de quelques dizaines de milliers d'euros, ce qui n'est pas plus cher que les appareils dont disposent déjà les hôpitaux. Je ne suis pas sûr de l'intérêt pour des particuliers d'imprimer leurs propres médicaments. Cela correspond plus à l'activité des pharmaciens, selon moi.
S'il y a un consensus pour dire que l'impression 3D pourra améliorer la qualité des soins, la véritable question est celle de la réglementation. Comment les autorités vont-elles faire pour autoriser et contrôler des produits uniques ? L'État français et les organisations internationales y réfléchissent. Mais ce feu vert de l'Agence américaine du médicament est une très bonne nouvelle pour nous.
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