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Interdiction souhaitée des cigarettes électroniques "puffs" : "Il faut agir rapidement" pour "arrêter cette épidémie", avertit le comité national contre le tabagisme

Pour le président du comité national contre le tabagisme Yves Martinet, "les puffs sont une insulte à la santé des enfants et une insulte à la santé de la planète".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des "puff", cigarettes électroniques jetables aux parfums fruités. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

"Il faut agir rapidement parce qu'on a vraiment une explosion de la consommation des "puffs" par les jeunes enfants et les adolescents, et il faut dès maintenant arrêter cette épidémie", lance le président du comité national contre le tabagisme (CNCT) Yves Martinet mercredi 3 mai sur franceinfo, après que le ministre de la Santé s'est dit "favorable" à l'interdiction de ces cigarettes électroniques jetables prisées par les adolescents. Pour le pneumologue, signataire d’une tribune parue dans Le Monde appelant à leur interdiction d’urgence, "les puffs sont une insulte à la santé des enfants et une insulte à la santé de la planète".

franceinfo : "Oui, je suis favorable à l'interdiction des puffs", a déclaré le ministre de la Santé François Braun ce mercredi. Etes-vous satisfait des mots du ministres ?

Yves Martinet : Je suis satisfait des mots du ministre, mais ce qu'il faut, c'est agir rapidement parce qu'on a vraiment une explosion de la consommation des "puffs" par les jeunes enfants et les adolescents, et il faut dès maintenant arrêter cette épidémie. Le mieux, c'est d'agir le plus rapidement possible, le plus clairement possible. Les "puffs" sont une insulte à la santé des enfants et une insulte à la santé de la planète. C'est un produit qui ne devrait pas exister, il faut interdire sa vente le plus rapidement possible.

Quel âge ont les plus jeunes consommateurs de ce type de cigarettes électroniques ?

C'est 10, 12 voire 14 ans. C'est vraiment la population cible. En France, la vente des produits qui contiennent de la nicotine, qu'il s'agisse du tabac ou des cigarettes électroniques, est interdite aux moins de 18 ans mais les buralistes ne respectent pas cette interdiction, tout comme les vendeurs de cigarettes électroniques. Et comme on trouve les "puffs" en grande surface, il n'y a aucun contrôle.

Est-ce une porte d'entrée vers le tabagisme ? Est-ce à long terme aussi dangereux qu'une cigarette ?

Le danger en lui-même des "puffs" est peu connu puisque c'est quelque chose de récent. Par contre, ce qu'il faut comprendre, c'est que la nicotine dans les "puffs" est sous forme de sel, donc beaucoup plus addictive que la nicotine dans les cigarettes électroniques traditionnelles. Par conséquent, les enfants deviennent rapidement addicts et cela a des conséquences sur leur développement cérébral. Et puis progressivement, ils passent à la cigarette fumée. On estime qu'un enfant qui consomme la cigarette électronique a 3 à 4 fois plus de risques de devenir fumeurs de cigarette de tabac.

Est-ce qu'il y une stratégie spécifique sur les réseaux sociaux chez les industriels de "puffs" ?

Oui, via les influenceurs, mais pas que les influenceurs. Il y a un matraquage des enfants. Et ce qui est assez surprenant, c'est que si vous discutez avec des parents qui ont des jeunes adolescents, les parents ne savent même pas ce que c'est que la "puff". Et quand vous demandez aux enfants, qu'est-ce que c'est que la "puff", ils éclatent de rire parce qu'ils savent tous ce que c'est. Donc le marketing est efficace. La meilleure preuve ? Pour un produit qui n'existait pas il y a deux ans, on a actuellement 13 % des jeunes adolescents qui ont essayé ce produit. Donc le marketing est extrêmement efficace.

Est-ce que vous avez des conseils pour les parents ?

Je pense qu'il faut expliquer que la nicotine est une drogue dure. Une fois qu'on devient dépendant de la nicotine, on a beaucoup de mal à arrêter. À ce titre, il est plus difficile d'arrêter la nicotine que l'héroïne. Donc il faut bien expliquer aux enfants que ça leur coûte cher et qu'ils se font rouler dans la farine par des industriels qui n'ont absolument aucune morale et que s'ils veulent être des adolescents debout et se défendre, ils doivent se battre contre ce marketing.

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